Battle Royale (Chronique Romans #2)


Parmi tous les romans que j’ai pu lire dans ma vie, certains m’ont beaucoup plus marqué que d’autres. Ils sont devenus des œuvres de référence qui ont forgé mon expérience de lecteur, par des personnages, des scènes, des répliques que je n’oublierai probablement jamais. L’un de ces romans est pourtant une découverte récente: Battle Royale, écrit en 1996 par Koushun Takami puis publié en 1999. Dès sa publication, il a déchaîné de vives polémiques, notamment en raison de son ultra-violence, mais il a heureusement réussi à parvenir jusque chez nous sans subir les dégâts de la censure. Il a d’ailleurs connu en adaptation en manga par Masayuki Taguchi et en film par Kinji Fukasaku en prenant des libertés pour la plupart pertinentes, mais on se concentrera ici sur le roman original. Cela étant, je vous recommande grandement de regarder le film. Il a peut-être pris un petit coup de vieux, mais il reste un jeu de massacre violent et sans concessions qui dénonce les dérives du fossé entre les générations. Et en bonus, c’est une occasion idéale pour se procurer un coffret DVD précisant qu’il s’agit d’une version «Non censurée», promettant de nombreux passages que la bien-pensance réprouverait. Comment ça, «je suis bizarre»?

L’histoire se déroule dans un Japon uchronique devenu une dictature fasciste baptisée la République d’Extrême-Orient. Chaque année y est organisé le Programme, qui consiste à tirer au sort une classe de troisième parmi toutes celles du pays pour l’envoyer sur une île déserte. Une fois là-bas, les élèves sont équipés de force de colliers explosifs munis de traceurs et invités à s’entretuer jusqu’à ce qu’il n’y ait plus qu’un seul survivant. Chaque candidat reçoit un sac contenant des réserves d’eau, une carte de l’île et une arme aléatoire, allant du couvercle de marmite à la mitrailleuse. L’île est découpée en plusieurs zones, qui deviennent inaccessibles au fur et à mesure du temps. Si un candidat se retrouve dans une zone interdite, son collier explose. Si un candidat tente de retirer son collier, celui-ci explose. Si au bout de trois jours la tuerie n’est pas terminée, tous les colliers explosent. L’île est quant à elle encerclée par les navires de l’armée pour éviter toute évasion.

On va donc ici suivre une classe sélectionnée pour le programme et dont les membres pensaient partir pour un simple voyage scolaire. Les quarante-deux élèves qui la composent sont endormis pendant le trajet de leur bus à l’aide de gaz soporifique, puis se réveillent dans une salle de classe, munis des fameux colliers explosifs. Un mystérieux professeur répondant au nom de Sakamochi, accompagné de soldats de l’armée de terre, vient alors leur expliquer leur situation et les règles du jeu auquel ils vont participer. Même si l’histoire va réussir à se concentrer sur chaque élève (on va y revenir plus tard dans la chronique), on suivra principalement le jeune Shûya Nanahara et son amie Noriko Nakagawa dans leur lutte pour la survie, où ils feront face à ceux qui quelques heures plus tôt étaient leurs camarades de classe.

Avant de poursuivre cette chronique, je tiens à faire un aparté. Il est très probable que la présentation de Battle Royale que je viens de vous faire vous ait rappelé une certaine trilogie de romans: The Hunger Games de Suzanne Collins, dont le premier tome fut publié en 2008. En effet, les deux romans mettent en scène de jeunes candidats, pour la plupart des adolescents, envoyés dans une arène naturelle et forcés à s’entretuer par tous les moyens jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un. Malgré plusieurs ressemblances entre les deux œuvres, je n’irai certainement pas jusqu’à dire que Suzanne Collins a recopié Battle Royale, et ce pour deux raisons. Premièrement, chacun des deux possède des traits propres, notamment dans sa façon de traiter le jeu de massacre et tout ce qui gravite autour, par exemple avec toute la médiatisation des Hunger Games et son système de sponsors qui ajoute un véritable plus à l’univers. Deuxièmement, parce que dans ce cas, je n’aurais plus qu’à me lâcher et accuser Fortnite d’avoir plagié Battle Royale, ce qui serait ridicule.
Cependant, Suzanne Collins a toujours nié avoir lu Battle Royale avant d’écrire ses romans. Ce à quoi je ne peux m’empêcher de répondre «Mouais...». Disons que lorsque les deux histoires ont chacune pour personnages principaux deux adolescents, un garçon et une fille, qui ne se connaissaient que de loin avant le jeu de massacre qu’on leur impose mais qui vont tout de même s’allier, puis se rapprocher jusqu’à éventuellement tomber amoureux, et que l’un d’eux est blessé à la jambe (la ressemblance est précise à ce point) et doit être soigné pour ne pas mourir d’infection. Face à un tel niveau de coïncidence, je pense pouvoir légèrement douter des affirmations de Suzanne Collins.
Tout cela pour vous dire que je vais comparer Battle Royale et Hunger Games à plusieurs reprises dans cette chronique, afin de mettre en avant les points qui, selon moi, sont plus réussis dans Battle Royale. Cela ne veut pas pour autant dire que je considère Hunger Games comme un mauvais roman. Au contraire, j’ai adoré lire toute la trilogie lorsque j’étais au lycée et j’ai bien aimé leur adaptation en films. Mais à côté de cela, Battle Royale m’a happé et a suscité en moi un intérêt et des émotions comme rarement un livre avait réussi à le faire. Pour faire une analogie gourmande, si Hunger Games était pour moi une tarte aux pommes, alors Battle Royale serait une pièce montée aux trois chocolats avec supplément nougatine.

Revenons à nos moutons, ou plutôt à nos élèves sur le point de s’ôter la vie les uns aux autres. Une des choses qui m’a le plus marqué dans Battle Royale, c’est son développement des personnages. L’auteur réussit quelque chose que je n’ai pas vu ailleurs: décrire la personnalité des quarante-deux élèves participant au Programme. Chacun d’entre eux a droit à au moins un chapitre à travers lequel on découvre sa personnalité, ses relations avec les autres membres de la classe et sa façon de vivre le programme. La plupart d’entre eux mourront à la fin dudit chapitre, tandis que d’autres auront droit à une évolution plus longue au cours de l’histoire. Ainsi, aucune des nombreuse morts n’est totalement anodine, car on est capable de mettre un nom, une personnalité et une histoire sur la personne concernée. De plus, si certains élèves vont se comporter comme de véritables ordures, beaucoup d’entre eux vont se révéler très attachants. On s’attache alors très vite à eux et on veut absolument pas les voir mourir. Hélas, l’histoire nous ramène sans cesse à la dure réalité du Programme et les adolescents auxquels on s’est attaché meurt sous les yeux impuissants du lecteur, souvent de manière très violente. Ce n’est d’ailleurs pas une mince affaire, surtout lorsqu’on n’est pas habitué aux prénoms et noms japonais, qui peuvent très vite se ressembler. Ainsi, vous vous retrouverez à suivre les aventures de Kazuo Kiriyama, Shûya Nanahara, Noriko Nakakagma, Shôgo Kawada, Megumi Eto, Shinji Mimura ou encore Takako Chigusa. Sans tricher, êtes- vous capable de me citer le premier de la liste que je viens de vous faire? Si ce n’est pas le as, ne vous en faites pas, vous arriverez vite à tous les identifier en lisant le roman. C’est principalement sur ce point que je trouve Battle Royale supérieur à Hunger Games, dans lequel on n’identifie vraiment qu’une dizaine de participants parmi les vingt-quatre, et parmi eux à peine cinq ou six sont vraiment développés, tandis que les autres se contentent de mourir sans que cela n’impacte vraiment le lecteur.

Cela m’amène d’ailleurs au second point qui me fait préférer Battle Royale: les relations entre les élèves. Dans Hunger Games, les participants ne se connaissent pas en dehors des Jeux sauf en ce qui concerne les deux candidats d’un même District, et ce n’est pas forcément toujours le cas d’ailleurs. Chacun des participants affronte majoritairement des inconnus, ce qui réduit grandement l’impact que leur mort peut avoir sur lui. À l’inverse, Battle Royale utilise avec brio l’idée de faire participer au Programme une classe d’élèves. Des adolescents habitués à se côtoyer tous les jours, liés par des amitiés, des amours, des haines, des jalousies, et que l’on invite soudain à s’entretuer sur une île. Certains vont chercher à retrouver leurs amis et à travailler en équipe, tandis que d’autres se cacheront en espérant survivre aussi longtemps que possible ou n’hésiteront pas à tuer de sang-froid pour rester en vie.
Au-dessus de tout cela plane un climat de paranoïa permanente qui rend la lecture palpitante. Si un élève en croise un autre par hasard au détour d’un sentier, il se dit peut-être qu’il n’est absolument pas question de le tuer et qu’il vaut mieux discuter, mais qu’est-ce qui lui prouve que celui qui se tient en face pense la même chose? Plongés dans une situation extrême, les personnages deviennent méfiants et se mettent à douter de tout le monde. Un geste suspect, un regard de travers, et tout peut basculer dans un bain de sang. Les amitiés se brisent comme les os et les couples se déchirent comme la chair. Si l’on combine cette tension permanente dans laquelle chacun est plongé au style d’écriture de l’auteur qui rend ses personnages vivants et attachants très vite, on obtient alors de nombreux passages où l’on est secoué par la mort d’un des élèves. J’aimerais bien vous donner un exemple parmi les nombreux qui me viennent en tête, donc il est temps d’entrer en zone spoiler. 

ZONE SPOILER 
Parlons donc de la mort de Megumi Etô, qui fait partie des premières victimes du jeu. Cachée dans une maison abandonnée, elle reste recroquevillée sous une table pendant plusieurs heures, terrorisée et espérant que personne ne la trouve. Elle se rappelle soudain que ses parents lui ont offert un téléphone portable le matin même, le sort et compose le numéro de son domicile. Mais à la place de ses parents, c’est le professeur Sakamochi qui lui répond, lui indiquant que les appels ne passent pas sur l’île avant de raccrocher. Quelques secondes plus tard, Mitsuko Sôma entre dans la maison plongée dans l’obscurité. Megumi commence à paniquer, car elle connaît la réputation de délinquante de cette dernière et ne doute pas que Mitsuko la tuera si elle la trouve. Soudain, son portable sonne à nouveau. Le professeur Sakamochi l’appelle pour la prévenir d’éteindre son portable pour ne pas risquer d’attirer d’autres élèves, puis raccroche. Attirée par le bruit, Mitsuko trouve Megumi sous la table et se met à pleurer, lui expliquant qu’elle est soulagée de voir enfin quelqu’un sur cette île hostile. Megumi fond alors en larmes, s’en voulant de l’avoir mal jugée en se basant uniquement sur ce que l’on racontait sur elle, et l’enlace. Quelques secondes plus tard, les pleurs de Mitsuko cessent et Megumi perçoit un bruit similaire à celui d’un couteau qui tranche un citron. Elle se rend alors compte que Mitsuko vient de lui enfoncer la lame d’une faucille dans la gorge et affiche désormais un sourire sadique.
Cette mort, en plus d’être une de celles qui m’a le plus marqué, résume assez bien la façon dont les élèves deviennent paranoïaques, même si ici la suspicion envers Mitsuko est justifiée, et dont les personnages peuvent mourir de manière aussi soudaine que violente. J’aurais aussi pu vous parler du cas de Yoshimi Nahagi, qui manque de se faire abattre par son petit ami Yoji Kuramoto. Celui-ci prétexte qu’elle ne l’a jamais aimé, en s’appuyant sur son passé sulfureux, et qu’elle n’hésitera pas à le trahir. Après avoir tenté sans succès de le raisonner, Yoshimi préfère renoncer et lui dire de faire ce qu’il veut, car elle a été heureuse avec lui, quoi qu’il puisse en penser. Même si vous avez choisi de vous aventurer en zone spoiler, je ne vous dévoilerai pas comment ce passage se termine. Je préfère vous laisser le plaisir de la découverte. 
ZONE SPOILER 

En parlant de la mort de certains personnages, je dois dire que les deux personnages qui m’ont le plus marqué sont également ceux qui ont tué le plus d’élèves: Mitsuko Sôma et Kazuo Kiriyama. Houla! Entre ce que je viens de dire et le coup du DVD en version «Non censurée», vous risquez de me prendre pour un gars un peu bizarre, mais bref. Ces deux élèves peuvent être considérés comme les deux «méchants» de l’histoire. La première, Mitsuko, est une manipulatrice qui compense sa faible force physique par sa beauté, sa capacité à pleurer sur commande et sa facilité à se faire passer pour une simple victime du jeu. Bien qu’étant détestable au possible, elle n’en est pas moins une très bonne antagoniste. D’ailleurs, lorsqu’elle a enfin fini par se faire abattre, ma première réaction a été de jubiler. Puis j’ai découvert son passé et je me suis dit «Ah merde… Je l’ai peut-être mal jugée, en fait. Ou pas?», car l’enfance de Mitsuko réussit à expliquer son comportement sans pour autant commettre la faute de le justifier. En fin de compte, il s’agit juste d’une élève qui décide de n’agir que pour elle et qui est prête à survivre par tous les moyens. Tout au long de l’histoire, il n’y aura qu’un passage où sa froideur s’effritera véritablement, passage qui m’a d’ailleurs touché lorsque je l’ai lu. Je ne vous en dis pas plus, ni sur les actes de Mitsuko, ni sur son passé. Je préfère vous laisser le plaisir d’apprendre à la détester page après page.
Le second méchant, Kazuo Kiriyama, est un peu une antithèse de Mitsuko. Là où cette dernière usait de manipulation pour compenser ses faiblesses, Kiriyama est un surdoué qui excelle dans absolument tous les domaines (et quand je dis «tous», je veux dire «TOUS»). Là où Mitsuko est une élève au passé sordide qui se bat pour sa propre survie, Kiriyama est un sociopathe ne ressentant aucune émotion et qui voit le Programme comme une occasion de pouvoir se divertir et ressentir ne serait-ce qu’une once d’amusement. À force, il semble ne plus être un humain, mais un demi-dieu responsable de la mort de plus d’un quart des participants. Kiriyama finit d’ailleurs par être résumé par un simple son: le bruit de vieille machine à écrire de sa mitrailleuse Ingram. À chaque fois que ce son résonne, le lecteur à la même réaction que les personnages qui l’entendent: Kiriyama est ici, et il est ici pour exterminer tout ce qui se trouvera sur son chemin. En bref, c’est un méchant qui impressionne par ses capacités totalement démesurées et son absence de remords, mais qui m’a, personnellement, moins marqué que Mitsuko.

De quoi pourrais-je vous parler maintenant? Et pourquoi pas du Programme en lui-même? Comme je vous l’ai expliqué, le Programme consiste à faire s’entretuer les élèves d’une classe sur une île, mais quelle en est l’utilité? Selon les explications officielles du gouvernement, le Programme a pour but de démontrer la puissance du pays à sa population et au reste du monde en mettant en avant l’efficacité de son armée. Personnellement, je trouve qu’il y a d’autres moyens pour un pays de prouver la puissance de son armée que de montrer qu’elle peut superviser une quarantaine d’adolescents, mais bon je pinaille. On nous explique aussi que le Programme sert à collecter des données sur la façon dont les élèves s’entretuent afin de réaliser des statistiques dont, personnellement, je n’ai pas vraiment compris l’utilité. Une autre théorie est évoquée par Shôgo Kawada, un des personnages principaux: le Programme sert non seulement à l’armée à asseoir un peu plus son contrôle sur la population, mais c’est aussi et surtout une expérience sociale visant à empêcher toute révolte. Selon lui, il permet de détériorer la confiance entre les citoyens et à instaurer un climat de paranoïa, en leur montrant que les gagnants du Programme sont des adolescents qui sont allés jusqu’à tuer leurs camarades pour survivre. De plus, tout affichage de sentiments négatifs envers le Programme, vanté comme une des plus grande fiertés du pays, serait perçu comme un comportement anti-patriotique.
Hmm...Un contrôle de la population qui étouffe tout sentiment de révolte en glorifiant un jeu de massacre où dont les participants tirés au sort doivent s’entretuer? Pourquoi cela me rappelle-t-il Hunger Games? Bon d’accord, j’exagère un peu sur ce point, d’autant que je le trouve très bien traité dans Hunger Games, qui exploite cette idée beaucoup plus en profondeur que Battle Royale.
Pour en revenir au Programme, son véritable but est expliqué au gagnant par le professeur Sakamochi dans l’un des derniers chapitres. Je ne vous dirai bien sûr pas qui est ce gagnant, ou bien cette gagnante, et vous pouvez donc lire la réplique qui suit en toute sérénité. 

«Le Programme est indispensable pour assurer la défense de notre Patrie. Naturellement, il ne s'agit pas de collecter des données pour une expérience. Tout ça, c'est des conneries pour les médias et l'école. Tu sais que les images du champion passent à la télé, d'accord? En voyant les images de celui qui a survécu grâce à la mort de tous ses petits camarades, la plupart des gens trouvent ça bien malheureux quand même. Le pauvre... Il n'était sans doute pas volontaire... Il n'avait pas le choix... Et ainsi de suite. Il n'avait pas le choix mais il a survécu... Grâce à quelle trahison, à quel crime? On n'en sait rien mais décidément, on ne peut pas faire confiance aux autres... Et voilà! Voilà comment dans ce pays on tue dans l'œuf toute velléité des citoyens de se grouper et de se révolter ensemble. Si chacun soupçonne tout le monde, nous avons la garantie qu'il n'y a aura jamais de coup d'état dans notre pays.» 

Pour terminer, parlons d’un point que j’ai évoqué tout au long de cette chronique sans pour autant l’aborder en détails. Battle Royale est un roman sombre et extrêmement violent qui s’adresse à un public averti. En effet, les élèves meurent souvent d’une manière très violente et sanglante, et l’auteur sait être très créatif lorsqu’il s’agit de trouver des moyens de tuer autrement qu’avec une arme à feu. Égorgement, empoisonnement, yeux crevés avec les ongles, crâne défoncé à coups de batte métallique, double suicide amoureux et j’en passe. Je ne vous parle même pas du manga, dont la violence graphique peut parfois sembler à la limite de l’exagération et de la gratuité. Mais cela ne fait pas pour autant de Battle Royale une œuvre décérébré. Si c’était le cas, elle ne s’encombrerait probablement pas d’un développement de personnage aussi poussé que celui que l’on a vu plus haut. La violence n’est jamais gratuite et sert le scénario. En effet, la majeure partie du propos de Battle Royale repose sur la mort de ses personnages, qui sont d’autant plus marquantes lorsqu’on les rend si brutales. C’est une histoire nihiliste, impitoyable avec ses personnages et qui ne trahit pas son propos avec une fin heureuse, où tout le monde danse main dans la main sous le ciel bleu pendant que les oiseaux chantent. Inutile de s’attendre à une fin où tous les personnages que l’on aime s’en sortent en s’échappant de l’île. Oh non, loin de là! C’est cela qui, couplé à l’écriture simple mais efficace de Koushun Takami, rend certaines morts si impactantes. On sait qu’ils vont inévitablement finir par mourir, mais on est attachés à eux et on espère en secret qu’ils vont survivre. Et alors la mort s’abat sur eux de façon cruel et impitoyable, quand elle n’est pas carrément tragique. Oui, pour certains personnages, je n’hésiterais pas à parler de tragédie, le meilleur exemple restant pour moi ce pauvre Hiroki Sugimura (ce n’est pas vraiment de spoil de vous dire qu’il va vous mourir). Attendez un peu de découvrir les circonstances de sa mort.

Pour résumer, Battle Royale est un excellent roman qui aura à jamais marqué ma vie. Son écriture simple, sans être simpliste pour autant, le rend très accessible et facile à lire, mais il s’adresse à un public averti. Extrêmement violent sans jamais verser dans le gore gratuit, apportant une réflexion sur la fragilité des liens humains dans une situation extrême, sans pitié avec ses personnages. Bref, un immense coup de cœur! Si la violence ne vous rebute pas, je ne peux que vous inviter à vous y plonger. 


Pour aller plus loin: 

*Comme je l’ai dit en début de chronique, le film Battle Royale reste très plaisant à regarder malgré le coup de vieux qu’il a pu prendre, notamment à cause de son petit budget de 504 millions de yens, soit environ 4,5 millions de dollars. Malgré quelques morts que j’ai trouvé assez expédiées et ridicules en comparaison du roman, il a su retranscrire avec succès le Programme sur grand écran. Par contre, sa suite Battle Royale: Requiem, ne se basant pas sur le roman original mais écrite en collaboration avec son auteur, fait partie des plus mauvais films que j’ai pu voir de ma vie. Sérieusement, lisez-en un résumé et vous constaterez par vous même le nombre d’incohérences dont est percluse l’intrigue principale.

*Vous pouvez aussi vous tourner vers l’adaptation en manga. Je ne pourrais pas vraiment vous donner d’avis dessus étant donné que...je ne l’ai pas encore lu. D’après les avis que j’ai pu recueillir, il est tantôt vu comme une très bonne adaptation et un très bon manga, tantôt comme n’ayant rien compris à l’œuvre de base et qui se contente de sexualiser à l’excès certains personnages féminins, de pousser la violence du titre à un niveau ridicule et de très mal écrire une bonne partie de ses personnages.

*J’ai entendu parler de Battle Royale pour la première fois grâce à la vidéo du Fossoyeur de Films sur Battle Royale: Requiem, dont vous trouverez le lien ci-dessous. Comme quoi, l’existence d’un très mauvais film peut amener à découvrir de belles choses.

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