Black Lagoon (Chronique Mangas et Japanimation #3)


Une bonne grosse dose d'adrénaline, un concentré d'action quasi-ininterrompu où chaque situation peut dégénérer en une fusillade pétaradante, un voyage dépaysant dans un monde vivant peuplé par des personnages transpirant la badasserie par tous les pores de la peau. C'est un peu comme ça que je décrirais l’œuvre dont je vais vous parler dans cette chronique. Aujourd'hui, oubliez le temps gris et morose de l'automne et suivez-moi dans les eaux bleues des mers du Sud et dans les rues poisseuses de Roanapura. Aujourd'hui, je vous parle de Black Lagoon!

Il s'agit d'un manga écrit par Rei Hiroe et dont neuf tomes tomes ont été publié entre 2002 et 2009, avant que celui-ci n'en reprenne l'écriture en 2012. L’œuvre a connu une adaptation en série d'animation en deux saisons de douze épisodes chacune, toutes deux sorties en 2006, ainsi qu'une troisième saison en 2011 composée de six OAV (Original Animation Video), c'est-à-dire des épisodes sortis au format vidéos sans passer par une diffusion à la télévision ou au ciné. Mais Black Lagoon, de quoi ça parle?
Rokûro Okajima est un jeune cadre japonais fraîchement diplômé qui vient d'intégrer une grande entreprise. Il est alors envoyé par celle-ci pour livrer dans les mers d'Asie du Sud-Est un disque contenant des données capitales, mais son bateau est pris d'assaut par une bande de pirates et leur torpilleur, le Black Lagoon. Une fois le disque de données récupéré, ces derniers décident de prendre Okajima comme otage. Persuadé que sa compagnie va tout faire pour le sauver, il va vite déchanter en constatant que celle-ci a engagé des mercenaires pour se débarrasser du disque, et de lui par la même occasion. Au terme de cette première aventure, il va prendre le surnom de Rock et décider de rejoindre l'équipage du Lagoon, constitué de Dutch, le gros dur au passé mystérieux, Benny, le crack de l'informatique, et surtout de Revy (ou Reby, diminutif de Rebecca), la flingueuse au caractère bien trempé. Ensemble, ils vivront de nombreuses péripéties dans les mers d'azur entre deux séjours à Roanapura, une ville partagée par des gangs de toutes origines et où la loi est dictée par les hors-la-loi.

De gauche à droite: Dutch, Benny, Revy et Rock

Autant vous le dire tout de suite, j'adore Black Lagoon! Le principe de ce blog étant de vous présenter les œuvres qui me plaisent, je me devais d'aborder celle-ci tôt ou tard. Je n'ai cependant pas encore lu le manga et que ma connaissance de l’œuvre se résume donc à la trentaine d'épisodes de l'anime. D'ailleurs, celui-ci est découpé en arcs narratifs indépendants qu'il est possible de regarder séparément ou dans le désordre sans être complètement perdu, même si on risque au passage de manquer certains évènements ou des évolutions de personnages. Ces arcs sont d'ailleurs assez courts, le plus long faisant six épisodes, ce qui les empêche de s'étendre pendant des dizaines d'heures sur des monologues et flashbacks interminables pour mieux se concentrer sur une action rythmée et qui avance bien. Mais ce qui pour moi fait la force de Black Lagoon, ce n'est pas son histoire, pourtant très agréable à suivre pour peu que l'on apprécie les cocktails d'action survoltée, ce sont ses personnages. Du côté de l'équipage du Black Lagoon, Dutch et Benny ne sont pas particulièrement développés. Le premier étant peu bavard et ne voulant rien dire de son passé, il est juste le chef qui sait garder la tête froide mais à qui il ne faut pas faire perdre patience, tandis que le second se contente d'être un expert de l'informatique qui n'aura que peu d'occasions de briller. Ils n'en restent pas moins tous les deux attachants, bien qu'ils soient selon moi éclipsés par les deux autres membres de la bande: Rock et Revy.

Rock est sans la moindre hésitation le personnage avec la meilleure évolution psychologique de tout l'anime. Au début, il n'est absolument pas dans son élément et a du mal à s'habituer au monde dans lequel il a choisi de commencer une nouvelle vie. Il cherche toujours à voir du bien chez les gens et privilégie la discussion dans un milieu rongé où tuer est aussi courant que respirer. Ce contraste est d'autant plus renforcé par son aspect de salarié propre sur lui. Chemise blanche rentré dans un pantalon noir et cravate bien attachée constituent sa tenue habituelle, tandis que ses mots sont bien choisis et qu'il parle le plus souvent d'un ton posé. À première vue, Rock n'a rien à faire à Roanapura et ne devrait pas y survivre bien longtemps. Et pourtant, il va petit à petit s'y faire une place en exploitant sa plus grande force: son intelligence. Ses capacités d'analyse lui permettent d'élaborer des plans qui sortiront l'équipage de plus d'une situation épineuse, mon favori restant son plan complètement irréaliste pour vaincre un hélicoptère à l'aide d'une torpille. Petit à petit, il prend confiance en lui et passe du salarié peureux au fin stratège. À la fin de la saison 3, il finit par atteindre un niveau qui me rappellerait presque Light Yagami de Death Note, c'est vous dire. Mais même là, il continue d'avoir un côté très humain et cherche à aider les gens quand il le peut. Ses échecs sur ce point là contribueront d'ailleurs grandement à son évolution, même si on se demande parfois si il peut réussir à les supporter. Lors du dénouement d'un certain arc narratif (je ne vous dirai pas lequel), Revy lui dit d'ailleurs "Regarde-la pas, Rock. Ça va te détruire.". Néanmoins, Rock semble dissimuler une part sombre qui fait surface plusieurs fois dans la série, en particulier dans les moments où il fait comprendre qu'il a un plan infaillible et qu'il est seul maître de la situation. Devant son air détaché et calculateur orné d'un sourire satisfait, on croirait presque voir un autre homme.

Passons maintenant à Revy: bon sang que j'aime ce personnage! Sobrement surnommée "Double Détente" en VF (on reparlera de la VF plus tard dans la chronique), Revy est une as de la gâchette au caractère explosif qui vous montrera à maintes reprises son talent pour manier les armes à feu, et tout particulièrement sa paire de pistolets Beretta "Sword Cutlass". Elle semble d'ailleurs prendre un malin plaisir à tuer des gens et se transforme facilement en machine à tuer dénuée de toute pitié. Dans ces moments, rien ne semble pouvoir l'arrêter et elle extermine des adversaires par dizaines. C'est aussi une grande gueule qui dit tout ce qu'elle pense sans prendre de pincettes, qui boit, qui fume et qui ponctue une bonne partie de ses phrases de gros mots. Elle perd patience extrêmement vite et peut essayer descendre quelqu'un sur un coup de tête si elle en a envie. En bref, Revy est une tueuse aussi efficace qu'incontrôlable qui vous offrira des fusillades mémorables.
Néanmoins, elle cache un passé douloureux dont on ne connaîtra jamais vraiment tous les détails, bien que l'on puisse en deviner une bonne partie dans son flashback de la saison 3. Ce qu'il nous apprend surtout, c'est qu'elle a perdu foi en l'humanité et ne croit plus qu'au pouvoir qu'offrent l'argent et les armes. La bonté, la compassion, l'amour du prochain, très peu pour elle. Elle est cependant loin du stéréotype de la psychopathe rendue inhumaine par un passé tragique, car à aucun moment ce dernier n'est utilisé pour atténuer ou donner une explication à ses actes, et n'est évoqué que très rarement dans l’œuvre. Revy elle-même est consciente que ce qu'elle fait est mal, mais aussi qu'elle ne sait rien faire d'autre. N'ayant connu que la violence depuis sa plus tendre enfance, elle est souvent exaspérée par la gentillesse naturelle de Rock, mais s'attache progressivement à lui. Tout ce que je viens de vous dire au sujet de Revy est plus ou moins résumé dans un monologue qu'elle adresse à Rock dans le premier véritable arc scénaristique. Monologue qui est d'ailleurs un de mes passages préférés tant je trouve qu'il résume bien le personnage.

"Le pouvoir c'est bien plus utile qu'un dieu quelconque. Donc Rock, si t'y réfléchis bien, l'argent est la seule valeur que les gens ont dans la vie. Me dis pas que tu crois au bon Dieu et à l'amour? Quand j'étais gamine et que je traînais dans les rues, j'avais beau invoquer Dieu et chercher l'amour, j'avais jamais aucune réponse. Et pourtant, je m'accrochais à cet amour de Dieu dont on parlait tant. Je priais tous les soirs. Ouais, j'ai cru au bon Dieu jusqu'à ce soir de décembre où des flics m'ont ramassée et m'ont tabassée simplement parce que ça leur faisait plaisir. Ils m'ont tabassée parce que j'étais cette vermine des cités qu'ils détestent. Une fille sans pouvoir et sans dieu. Alors du coup, sur quoi peut bien compter une petite conne chinoise? Sur l'argent, bien sûr, et aussi les armes. Avec ces deux choses là, le monde m'appartient."


Je vous parle beaucoup de Rock et Revy, mais les personnages secondaires sont loin d'être en reste. La sœur Eda de l’Église de la Violence, une nonne qui aime boire, jouer au poker et pointer son arme sur quiconque oserait la déranger, Chang, le chef des Triades chinoises semblant tout droit sorti d'un film de John Woo, ou encore Roberta, la soubrette calme et polie qui se révèle en fait être...vous verrez bien. Mais mon coup de cœur personnel va à Balalaïka, la chef de la branche thaïlandaise de l'Hôtel de Moscou, une mafia russe composée d'anciens membres de l'armée soviétique. Cette dernière a notamment servi en Afghanistan, où elle a été brûlée sur une large zone du corps et du visage, ce qui lui a valu le surnom de "Fried Face" (ou "Poêle à Frire" en VF). Ses troupes sont composées des anciens membres de son unité dans l'armée et chacun de ses hommes lui voue une loyauté sans faille. Bien qu'officiellement renvoyée de l'armée (pour des raisons que je ne vous dévoilerai pas), elle en a gardé certaines habitudes, comme le fait de porter un manteau d'officier lorsqu'elle dirige les opérations. Mais surtout, Balalaïka est une stratège hors-pair qui étend petit à petit son influence sur Roanapura en dirigeant ses troupes d'une main de maître, dont la beauté dissimule une femme froide, calculatrice et ne pensant qu'à servir ses propres intérêts. On peut d'ailleurs voir un contraste assez énorme entre l'air amical qu'elle affiche pour amadouer son interlocuteur et le sourire carnassier, accompagné d'un regard glacial, qui peut se dessiner sur son visage lorsqu'elle prend le contrôle sur la situation.

Balalaïka sympathique.

Balalaïka...moins sympathique.
Pour résumer, pratiquement aucun des personnages principaux ou secondaires de Black Lagoon n'est oubliable, car chacun reste en mémoire pour une bonne raison. Un style, un caractère, une action, un visuel ou n'importe quoi d'autre. D'ailleurs, les personnages féminins dans cet anime semblent tous sous perfusion de badasserie, et pas uniquement Revy ou Balalaïka. Le seul reproche que je pourrais faire à cette œuvre sur ce point, c'est qu'au final le nombre de personnages vraiment développés soit finalement assez faible. Je ne considère pas pour autant comme un défaut qu'on en apprenne peu (pour ne pas dire queudalle pour la plupart d'entre eux) sur leur passé, car au final ce sont presque tous des tueurs, et ne pas expliquer leurs origines pousse à se concentrer sur l'action présente. Ce qui m'embête, c'est plus que beaucoup de personnages se contentent de rester les mêmes du début à la fin, sans vraiment évoluer au cours des épisodes. Dommage.

En terme d'ambiance, Black Lagoon me plaît énormément. La ville de Roanapura est exactement ce qu'elle est censé être: une ville rongée par le vice et le crime. Les gangs se livrent une guerre de territoire permanente, les prostituées déambulent sur les trottoirs, les marchands vous arnaquent, les enfants vous font les poches. Alors que la ville est censée se situer dans une région du monde perçue comme paradisiaque, elle nous rappelle à chaque instant la misère qui se cache derrière les beaux panoramas. Les décors donnent une impression de crasse et décrépitude, la pauvreté touche presque tout le monde et la violence est le moyen le plus efficace d'arriver au sommet. Bref, l'endroit idéal pour aller passer de bonnes vacances en Asie du Sud-Est, non? Tout cela est résumé dans la description qu'en fait Rock au tout début du troisième épisode.

"L'entrée du golfe est marquée par une statue de Bouddha qui tombe en ruine. Elle est censée propager un rayon de vertu aux alentours. Derrière se trouve le port de la perversité: Roanapura. A l'entrée de la ville, si le voyageur emprunte le vieux pont métallique, il y verra une corde pendre comme si elle attendait sa victime. Et plus loin derrière se trouve la ville du plaisir: Roanapura."

On peut ajouter à cela que Roanapura, bien que fictive, a vraiment l'apparence d'une ville qui pourrait exister dans la vraie vie crédible de la réalité véritable. En parlant de ça, tout l'univers de Black Lagoon se veut très réaliste dans son ensemble. Enfin cela ne l'empêche pas d'envoyer balader ledit réalisme pour offrir des moments d'action dantesques, en utilisant l'excuse "C'est complètement irréaliste, mais c'est trop cool alors profite!". Même si j'ai tendance à ne pas aimer ce genre d'incohérences car elles peuvent me sortir de l'immersion dans une œuvre, elles ne me gênent pas dans Black Lagoon, mais je ne saurais pas vraiment dire pourquoi. Pour en revenir à Roanapura, on peut sans problème imaginer qu'elle puisse exister quelque part dans les mers du Sud. Il suffit d'en avoir quelques aperçus pour s'en rendre compte. Voyez par vous-même.




Ces visuels me donnent d'ailleurs l'occasion de vous parler un peu de l'aspect technique de Black Lagoon. En plus de nous proposer de beaux panoramas grâce aux lieux visités, l'anime nous offre une animation de très bonne facture, en tout cas pour un anime de 2006. On retrouve des techniques classiques de l'animation japonaise, comme par exemple une économie de détails et d'images par seconde dans les moments moins importants, mais pour ensuite mettre le paquet sur les passages clés et les scènes d'action et ainsi offrir du grand spectacle. Cela n'est pas vraiment surprenant lorsque l'on sait que l'adaptation en série d'animation a été confiée au studio Madhouse, à qui on doit d'autres animes tels que Hajime no Ippo, Card Captor Sakura, Death Note, Monster, High School of the Dead, Parasite ou encore One Punch Man, ainsi que le film d'animation Paprika. En bref, des gens plus que compétents. D'ailleurs, les personnages bénéficient d'un design assez réaliste pour coller à cette dimension de l'univers de Black Lagoon, mais en même temps très reconnaissable.

Pour continuer, n'oublions pas que nous parlons d'un anime, et que quand on parle d'animes on en arrive bien vite à parle d'openings et d'endings (ou respectivement, de génériques de début et de fin). Parlons donc de ceux de Black Lagoon, qui seront les mêmes pendant deux premières saisons. En règle générale dans l'animation japonaise, les endings sont souvent calmes et posés et celui-ci ne déroge pas à la règle. Une mélodie mélancolique aux cordes frottées, tandis que Revy marche de dos sur la plage en laissant tomber ses armes. Décris comme ça il peut avoir l'air d'un gros amas de clichés, mais il fonctionne en fait très bien, notamment grâce à cette rupture de ton avec l'ambiance dynamique et explosive du reste de la série. Mais si je vous parle des génériques de Black Lagoon, c'est surtout pour vous parler de son opening: Red Fraction interprété par la chanteuse japonaise Mell. Qu'est-ce que j'aime cet opening, bon sang! On peut tout d'abord noter qu'il a la particularité d'être chanté en anglais, là ou la plupart des openings d'anime ont des paroles en japonais. Dès le premier visionnage, on comprend que son but est de mettre Revy en avant et les paroles vont dans ce sens, car elles pourraient tout à fait être les mots de Revy. On y retrouve tout ce que j'ai pu vous dire sur elle: le fait qu'elle considère que la violence soit la solution à tout, sa relation avec Rock, son attrait pour les armes, son regard très pessimiste sur le monde qui l'entoure, son caractère explosif, et caetera. Je vous mets les paroles de la version courte juste en dessous.

I have a big gun
I took it from my Lord
Sick with Justice
I just wanna feel you
I'm your angel
Only a ring away
You make me violate you
No matter who you are

It's all up to you
No one lives forever
Been burnt in the hell
By all those pigs out there
It's always been hell
From when I was born
They make me violate them
No matter who they are

Get down on your knees
Get a good head on your shoulders
If it's for your guys
Go to the end of the earth
Do what you think
Give it with dedication
I'll put out your misery

You made a mess
For Christ sake, this rotten world
Shit out of luck
Go with my vision
Light up the fire
Right on the power
Weapon… I have it all

Après avoir parlé des paroles de l'opening, continuons dans le registre du langage avec le sujet qui fâche souvent lorsqu'on parle d'animes: la version française. Autant être honnête: non seulement j'ai toujours regardé Black Lagoon en VF, mais en plus je trouve cette dernière très bonne. La plupart des comédiens de doublage correspondent bien à leurs rôles, du moins dans les deux premières saisons (on y revient dans peu de temps). Bon, il y a quand même quelques voix qui sonnent parfois un peu fausses ou sous-jouées, mais cela concerne surtout des personnages tertiaires et quelques personnages secondaires. Les personnages principaux bénéficient quant à eux d'un doublage de qualité. La plupart des dialogues sonnent justes, naturels, et ne donnent pas vraiment l'impression d'être écrits, chose que l'on ne retrouve pas dans toutes les adaptations. En effet, cela ne vous est jamais arrivé en regardant un film, une série ou en lisant un livre de penser que telle ou telle réplique avait l'air artificielle et que personne ne parlerait réellement dans cette situation? Dans Black Lagoon, ça ne m'est pas vraiment arrivé. Les discussions entre les personnages pourraient être celles de personnes réelles se trouvant dans la même situation, en plus d'être à chaque fois bien adaptés à leur caractère. Prenons l'exemple de Revy, doublée avec brio par l'actrice et comédienne de doublage Dany Benedito. Cette dernière réussit à retranscrire grâce à sa voix tout le caractère de son personnage, parfois blasée ou exaspérée, d'autre fois désinvolte ou pleine d'énergie, mais toujours capable de partir au quart de tour pour hurler sa colère avec une vulgarité très bien dosée. On trouve aussi dans cette version française quelques très bonnes trouvailles. Un très bon exemple est pour moi le moment où Revy vient de massacrer tout un groupe de criminels et s'approche en souriant du dernier survivant. Celui-ci commence à bafouiller "Je me rends! Je vous en...je...je vous en..." et Revy lui répond alors "Bah quoi? Tu m'emballes? Tu m'embarques? Tu m'embauches? Réponds, ducon. Tu m'enfumes? Tu m'enfiles? Tu m'enfonces? Tu m'enfournes?".

Cependant, il y a quand même quelque chose que je n'aime pas dans cette version française: le doublage de la saison 3. Celle-ci étant composée d'OAV et sortie cinq ans après la saison 2 (je suppose que c'est une explication), elle n'a pas été doublée par les mêmes personnes. Si certains changements ne sont pas trop dérangeants, comme par exemple la nouvelle voix de Revy que j'apprécie mais que je trouve inférieure à la précédente, d'autres sont assez...brutaux? L'exemple le plus probant est pour moi le changement de voix de Balalaïka, auparavant doublé par Annie Vogel et maintenant par Laura Zichy. L'ennui vient du fait que ces dernières ont des timbres de voix extrêmement différents et que la deuxième ne colle pas trop au personnage. Pour vous résumer ce grand écart, on passe de Balalaïka la froide et calculatrice chef de la mafia russe à Balalaïka la concierge avide de ragots d'un immeuble de banlieue. Brutale transition, vous en conviendrez.

J'en profite d'ailleurs pour vous parler plus en détails de cette fameuse saison 3 que j'évoque depuis le début de cette chronique, intitulée Roberta's Blood Trail. Celle-ci à la particularité d'être composée de cinq épisodes de plus d'une demi-heure chacun, là où les autres saisons étaient chacune composées de douze épisodes d'une vingtaine de minutes. On y suit Roberta, personnage central d'un arc de la première saison, dans une quête de vengeance déclenchée par la mort de son maître Diego Lovelace dans un attentat. Le fils de celui-ci fait alors appel à l'équipage du Black Lagoon pour l'aider à retrouver et stopper Roberta, qui à force de semer des cadavres sur sa route risque de s'attirer les foudres de forces beaucoup trop puissantes.

 
Personnellement, j'aime beaucoup cette saison et ce pour plusieurs raisons, la première étant Roberta elle-même. De son vrai nom Rosarita Cisneros, cette servante dévouée cache sous ses dehors calmes et polis une machine à tuer inarrêtable. Elle est un des seuls personnages capables de faire jeu égal avec Revy, et dans cet arc on pourrait même dire qu'elle la dépasse. On la voit également s'enfoncer lentement dans la folie à mesure que l'étau se resserre autour d'elle et se transformer petit à petit en bête sauvage. Je n'utilise pas ce qualificatif à la légère quand on voit le sourire carnassier qu'elle affiche et la violence avec lequel elle massacre sans distinction tout ce qui lui barrerait la route. Jusqu'au moment où tout elle montre sa vraie nature à la mauvaise personne et que tout s'écroule autour d'elle. Bien sûr, la présence Roberta est aussi et surtout l'occasion de mettre en scène d'action aussi violentes que spectaculaires.

Le deuxième point qui fait que j'ai apprécié cette saison, c'est que c'est dans celle-ci que Rock dévoile son plein potentiel. On le voit d'abord passer des heures et des heures à recouper des informations pour échafauder un plan qu'il est le seul à comprendre. Puis une fois ses pions en place, il s'arrange pour que tout fonctionne comme il le veut et on découvre alors à quel point il domine la partie de bout en bout. Une sacrée évolution lorsqu'on repense au petit employé de bureau peureux des premiers épisodes.

En résumé, Black Lagoon est un anime qui aura réussi à me faire voyager dans les mers du Sud et au-delà aux côtés d'anti-héros attachants dans des aventures toujours plus survoltées. Une œuvre vivante, explosive et pourtant souvent touchante. Bien que cette série ne s'adresse pas forcément à tous les publics du fait de sa violence et de la dureté de son univers et des thèmes abordés, je la recommande à quiconque aurait envie d'une bonne dose d'adrénaline accompagnée d'un soupçon de douceur. Alors si jamais vous avez pour projet secret de tout quitter pour vivre une vie d'aventures, de fusillades avec des gangsters, d'affrontements avec des psychopathes, le tout avant d'aller boire un verre de rhum au Yellow Flag et de contempler mélancoliquement le port de Roanapura, l'équipage du Black Lagoon n'attend plus que vous. Mais n'hésitez pas trop longtemps, car comme dirait Revy, "No one lives forever".

Pour aller plus loin:
* L'écriture du manga ayant repris il y a peu, c'est une bonne occasion de s'y plonger, notamment pour comparer l'oeuvre originale avec son adaptation animée. Il compte actuellement dix tomes, le dernier étant sorti en 2014, et est publié en France par les éditions Kazé Manga. Personnellement, je trouve les couvertures des différents tomes très belles.
* Ayant chanté les louanges de l'opening Red Fraction, je ne peux que vous encourager à prendre quelques minutes de votre temps pour aller l'écouter.
Version courte de l'anime: https://www.youtube.com/watch?v=DGOzVLx86bs
Version complète: https://www.youtube.com/watch?v=IOmNWL5nzE4
* Si vous tenez à avoir d'autres avis sur Black Lagoon, je vous conseille ici plusieurs critiques de l'anime trouvées sur YouTube et qui m'ont un peu aidé durant l'écriture de cette chronique.
- KAWZZEN: https://www.youtube.com/watch?v=OD4PAFdbnZk
- ANIM - ronyx: https://www.youtube.com/watch?v=pZkHBIdhU7c&t=713s

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