Bonjour chers lecteurs de ce blog! Aujourd’hui, je ne vais pas vous parler d’un seul film dans une chronique détaillée, mais de plusieurs ayant tous un point commun: celui d’être soit des films français, soit des coproductions en partie françaises. On entend parfois dire que le cinéma français, et particulièrement celui de ces dernières années, n’est composé que de comédies grand public allergiques à l’inventivité et de drames socio-politico-prout-prout chiants comme la pluie. Mais bien qu’il y ait des productions pouvant amener à penser ça, il existe de nombreuses perles qui mériteraient d’être plus souvent citées lorsqu’on parle de cinéma français, histoire de redorer son blason. C’est pourquoi j’ai décidé de vous parler de dix films made in Pays de la Baguette que l’apprenti cinéphile que je suis apprécie, et qui viennent malmener les clichés que je viens d’évoquer. Pour chacun d’entre eux, j’en profiterai pour vous citer la scène qui m’a le plus marqué, que ce soit en m’ayant fait rire, mis mal à l’aise ou encore fait m’extasier devant sa symbolique ou sa beauté. Petite précision: il ne s’agit pas d’un classement, mais d’une simple liste ordonnée par ordre chronologique.
On commence?
Les yeux sans visage (1960):
Réalisateur: Georges Franju
Rôles principaux: Pierre Brasseur (docteur Génessier), Edith Scob (Christiane Génessier), Alida Vali (Louise)
À la suite d’un accident de voiture, le docteur Génessier, chirurgien parisien de renom, défigure sa fille Christiane. Aux yeux du monde, celle-ci est officiellement décédée et enterrée. En réalité, le docteur la garde dans son château et s’est mis en tête de la soigner en tentant de lui greffer le visage de jeunes filles kidnappées par sa complice Louise. Cependant, les multiples disparitions d’étudiantes aux signalements similaires finissent par alerter la police…
Remontons dans le temps et parlons d’un film d’épouvante vieux de près de soixante ans: Les yeux sans visage. Bien qu’il s’agisse du plus ancien de cette chronique, c’est également celui que j’ai découvert le plus récemment. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est un très bon représentant de son genre. Il s’en dégage une ambiance glauque et glaçante à presque chaque instant, et le fait que l’image soit en noir et blanc y contribue grandement. La musique est peu mais bien utilisée, laissant à l’ambiance sonore et aux voix des personnages la responsabilité d’immerger le spectateur. La bande originale composée par Maurice Jarre colle à merveille à l’atmosphère du film, en particulier son thème principal entêtant, sorte de musique carnavalesque joyeusement malsaine. Les yeux sans visage est un excellent exemple pour illustrer l’écart entre les films d’horreur de son époque et ceux de nos jours. Par exemple, il n’y a tout simplement aucun jumpscare dans tout le film, à l’exception peut-être d’un cri hors-champ, et le gore n’est jamais utilisé à outrance pour donner des sensations fortes au spectateur. D’ailleurs, la seule scène du film qu’on pourrait qualifier de gore dérange plus par son ambiance et le fait qu’elle soit en noir et blanc que par la quantité de sang utilisée. Attendez vous aussi à ce que l'on joue vos attentes, notamment en multipliant les passages où l’on s’attend à voir le passage horriblement défiguré de Christiane et où finalement...ben non en fait. Enfin, les personnages ont le mérite de ne pas être des stéréotypes dont on sait qu’ils vont mourir dès leur première apparition. Le docteur Génessier est un homme délicieusement détestable plus intéressé par la prouesse que serait sa greffe de visage, sa complice Louise oscille entre la manipulatrice froide et la mère de substitution soucieuse du bonheur de Christiane, et cette dernière est de loin le personnage le plus humain de l’histoire, apportant une touche de mélancolie et de poésie à l’atmosphère dure du film.
En bref, je vous conseille d’aller découvrir Les yeux sans visage. C’est un témoin d’une autre façon très intéressante de faire des films d’horreur, mais c’est surtout une histoire qui, derrière son postulat sordide, cache un très beau message sur l’importance souvent exagérée que l’on accorde à l’apparence extérieure et qui nous montre avec justesse que les personnes les plus humaines sont parfois celles qui peuvent nous paraître monstrueuses.
La scène qui m’a marqué: L’interminable «opération» d’une des victimes, qui se fait lentement découper et retirer le visage. Aucune musique, juste des voix et des bruitages.
Les Tontons Flingueurs (1963):
Réalisateur : Georges Lautner
Rôles principaux : Lino Ventura (Fernand), Bernard Blier (Raoul), Jean Lefebvre (Paul), Francis Blanch (Maître Folace), Sabine Sinjen (Patricia)
Fernand Naudin, ancien truand reconverti dans le négoce de matériel de travaux, est un jour appelé par son ami mourant Louis, célèbre gangster surnommé «le Mexicain». Celui-ci décide de lui confier la gestion de son empire et l’éducation de sa fille Patricia. Cependant, cette décision n’est pas du goût de tout le monde et Fernand va devoir, en plus d’apprendre à vivre avec Patricia, affronter des concurrents à la succession du Mexicain, notamment les frères Raoul et Paul Volfoni. C’est ainsi que commence une guerre de succession riche en bourre-pifs.
Je pense que je n’ai pas vraiment besoin de vous présenter Les Tontons Flingueurs tant le nom de ce film est ancré dans le paysage cinématographique français. Ce succès est notamment dû à ses très nombreuses répliques qui sont aujourd’hui devenues cultes et qui illustrent ce qui pour moi la plus grande qualité de ce film: ses dialogues. Même si Les Tontons Flingueurs a déjà l’originalité d’être une comédie mettant en scène des gangsters sur fond de guerre de succession, ce sont pour moi ses discussions et tirades qui lui donnent toute sa saveur. Pour cause, ceux-ci ont été écrits par le regretté Michel Audiard, principalement connu pour son incroyable talent de dialoguiste. Les personnages ont tous un caractère bien marqué, chacun ayant au moins deux ou trois répliques marquantes qui contribuent à le rendre mémorable. Fernand qui a connu une Polonaise qui en prenait au petit-déjeuner, Raoul qui éparpille «façon puzzle», ou encore Paul et ses histoires de «nervous breakdown, comme on dit de nos jours», chacun aura sa petite phrase dont vous vous souviendrez après votre visionnage. Je vous parle des dialogues, mais Les Tontons Flingueurs est loin de se limiter à cette seule qualité. Sans trop entrer dans les détails, l’histoire est très plaisante à suivre et je trouve qu’il se dégage une ambiance assez particulière de ce film. Une sensation de France à l’ancienne où se côtoient classe et franc-parler, courtoisie et argot, où la finesse du parler se mêle à la distribution de bourre-pifs. En un mot comme en cent, (re)voyez ce film. Oui je sais, ça fait trois mots.
La scène qui m’a marqué : la scène où Fernand et les frères Volfoni se retrouvent dans une cuisine à «beurrer les sandwichs», puis finissent par déguster une liqueur pour en déterminer la composition.
La Folie des Grandeurs (1971):
Réalisateur : Gérard Oury
Rôles principaux : Louis de Funès (Don Salluste), Yves Montand (Blaze)
Nous sommes en Espagne au XVIIème siècle. Don Salluste, ministre des impôts, est un homme hypocrite, cupide et impopulaire qui collecte lui-même auprès du peuple des impôts exorbitants. Mais un jour, il est déchu de son titre et de toutes ses possessions, accusé d’avoir fait un enfant illégitime à une dame d’honneur de la reine. Pour se venger, il met alors en place une machination consistant à faire passer son valet Blaze pour un noble afin qu’il séduise la reine.
Quand j’ai commencé à rédiger cette liste, beaucoup trop de films de Louis de Funès m’ont traversé l’esprit, mais je me suis forcé à en choisir un seul. J’aurais pu vous parler de La Grande Vadrouille, de La Soupe aux Choux, du Gendarme de Saint-Tropez ou de tant d’autres, mais j’ai choisi celui-ci. J’aime presque tout dans ce film. La musique principale qui ouvre le film reste en tête et, bien qu’elle ressemble énormément à une musique de western spaghetti façon Enio Moricone, je trouve qu’elle aide bien à l’immersion dans l’Espagne du XVIIème siècle. Sur ce point, La Folie des grandeurs n’y va d’ailleurs pas à moitié, nous offrant des scènes où défilent des dizaines de figurants en tenues d’époque. Je ne suis pas pour autant un grand amateur de films à costumes, aussi beau ceux-ci soient-ils, et il me faut à chaque fois un petit plus pour les apprécier. Ici, ce petit plus est tout simplement énorme étant donné qu’il vient à l’esprit dès qu’on évoque Louis de Funès : la comédie. Celui-ci livre ici à mon sens une de ses meilleurs performances comiques, à grands renforts de mimiques et d’improvisations grâce auxquelles naissent de très nombreuses scènes prétextes à rire un bon coup. On a le droit à du comique de situation, des gags visuels, des quiproquos et j’en passe. Mais Louis de Funès n’est ici pas le seul facteur de rire dans le film, étant donné que les autres personnages contribuent grandement à certains des passages les plus drôles du film. Enfin, La Folie des Grandeurs a beau être une comédie avant tout, il réussit très bien à mettre en scène des passages romantiques un peu plus sérieux.
En bref, c’est un classique de la comédie française que je vous invite a découvrir ou redécouvrir. C’est pour moi un de ces longs métrages qui ne vieillissent pas et dont l’humour est intemporel (une des grandes forces de Louis de Funès en général).
La scène qui m’a marqué: Le retour en diligence dans la séquence d’ouverture. Un véritable festival qui condense tous les styles d’humour du film.
La Classe Américaine : Le Grand Détournement (1993) :
Réalisateur: Michel Hazanavicius
Rôles principaux: John Wayne (George Abitbol), Dustin Hoffmann (Peter), Robert Redford (Steven)
Avant même de commencer, le film a la bonne idée de nous passer un important message de prévention, à savoir que «ce flim n’est pas un flim sur le cyclimse». Ceci étant dit, le film s’ouvre dans l’Ocean South Pacific, à bord du navire de George Abitbol, titulaire officiel du titre d’homme le plus classe du monde. Lors d’une tempête, celui-ci est victime d’un accident mortel et s’éteint sur ces dernières paroles: «Monde de merde». Alors que tous les États-Unis sont sous le choc de la mort du plus grand représentant de la classe à l’américaine, les journalistes Peter et Steven (enfin Pétère et Stévène) sont chargés d’enquêter sur ses derniers mots en allant interroger des personnes l’ayant côtoyé par le passé.
La Classe Américaine présente une particularité de taille : aucune image originale n’a été tournée, étant donné qu’il s’agit d’un montage d’extraits de films américains datant des années 50 à 80, et redoublés en français pour recréer une toute nouvelle histoire. Celle-ci est une parodie du film Citizen Kane d’Orson Welles, où le magnat de l’édition Charles Foster Kane meurt en prononçant un mystérieux mot qui poussera un journaliste à enquêter sur sa signification: «Rosebud». Réussir à créer une toute nouvelle histoire à partir de fragments de films qui n’ont rien à voir entre eux est déjà une prouesse en soi, mais là où je trouve La Classe Américaine très intéressant, c’est la façon dont il le fait. Dans le titre complet de ce flim (qui, je le rappelle, n’est pas un flim sur le cyclimse), on trouve «Le Grand Détournement» et c’est là la démarche qui lui donne toute sa saveur: détourner les scènes de leur sens initial. Pour cela, le film s’appuie grandement sur ses dialogues, qui n’ont volontairement rien à voir avec ceux des films originaux pour créer un effet de décalage. Par exemple, en doublant un indien visiblement très en colère pour lui faire crier «On va manger des chips!» (dans le contexte, c’est plus drôle que ça en a l’air ici). Il peut aussi jouer avec des euphémismes, notamment en montrant un homme mort gelé au milieu de la neige pour lui faire dire en voix off «Je crois que j’ai pris froid». Mais le détournement des scènes passent aussi par la magie du montage, qui redouble d’astuce à chaque scène. L’exemple qui m’a le plus marqué à ce niveau là est celui des passages en voiture: à l’intérieur du véhicule, on utilise des extraits où des personnages discutent et conduisent calmement, tandis qu’à l’extérieur on passe sur des cascades et des courses-poursuites.
Je suis loin d’avoir fait le tour de tous les procédés utilisés par le film pour rendre drôles des scènes qui n’étaient pas pensées pour l’être, mais je préfère m’arrêter là et vous laisser le plaisir de la découverte. Malgré son concept un peu perché, La Classe Américaine reste plaisant à regarder du moment qu’on a accepté l’idée qu’il va passer son temps à être irréaliste.
La scène qui m’a marqué : L’intervention d’Orson Welles qui vient se plaindre qu’on est en train de plagier son film Citizen Kane, et qu’il «n’aime pas trop les voleurs et les fils de pute».
La Cité de la Peur, une comédie familiale (1994):
Réalisateur: Alain Barbérian
Rôles principaux: Alain Chabat (Serge Kamazarov), Chantal Lauby (Odile Deray), Dominique Farrugia (Simon Jérémi), Gérard Darmon (le commissaire Patrick Bialès)
Tout commence au festival de Cannes pendant la projection du nanardesque film d’horreur Red is Dead, dans lequel les protagonistes sont tués par un tueur armé d’une faucille et d’un marteau. À peine celle-ci terminée, le projectionniste est assassiné de la même manière. Odile Deray, réalisatrice du film, voit en ce meurtre un moyen de faire connaître son film et décide de faire venir à Cannes son acteur principal Simon et de lui embaucher un garde du corps du nom de Serge. À mesure que les jours passent, les meurtres des projectionnistes de Red is Dead se multiplient et le tueur laisse à chaque fois une lettre gravée sur le mur, laissant penser à Serge qu’il s’agit d’un serial killer…
Parmi les films dans lesquels a joué Alain Chabat, j’aurais pu vous parler de Astérix: Mission Cléopâtre, mais j’ai choisi de parler d’un autre film de la série plus loin dans cette chronique. J’aurais aussi pu vous parler de RRRrrr!!! mais...je ne l’ai pas encore vu. Mon choix s’est donc porté sur La Cité de la Peur. Pour commencer, j’aime énormément l’humour absurde de ce film. En plus du postulat de base déjà bien perché, les situations insolites qui viennent ponctuer l’histoire sont légions, comme par exemple les mimes manifestant contre le cinéma parlant en plein milieu d’une scène de poursuite ou le caméo en voix off du Terminator. Vous l’aurez compris, il ne faut pas s’attendre à un film d’enquête sérieux et réaliste de la part de La Cité de la Peur, bien au contraire. Bien que l’histoire se déroule de façon tout à fait normale, pratiquement chaque scène est prétexte à un gag ou à une phrase improbable. Que l’on apprécie son humour absurde ou non, il est incontestable que ce film a marqué le paysage des comédies françaises. Pour preuve, nombre de ses répliques sont devenues cultes et sont souvent citées dans d’autres œuvres, que ce soit dans les dialogues de la série Bref ou dans les succès du jeu vidéo Red Dead Redemption. J’aime tout particulièrement les moments où le film brise le quatrième mur (c’est-à-dire qu’il montre d’une façon ou d’une autre qu’il est conscient d’être un film), par exemple en faisant en sorte que les personnages entendent la voix off ou en faisant intervenir les comédiens de doublage dans une scène «bruitée à la bouche».
Je n’ai pas grand-chose à ajouter, à part que si jamais vous appréciez l’humour absurde, les comédies ou la troupe des Nuls, vous n’avez plus qu’à foncer (re)découvrir La Cité de la Peur en urgence.
La scène qui m’a marqué : Quand Martoni prend Odile en otage et que les autres personnages débattent sur le fait qu’il bluffe et que son arme ne soit pas chargée.
Le Pacte des Loups (2001) :
Réalisateur : Christophe Gans
Rôles principaux : Samuel Le Bihan (Grégoire de Fronsac), Mark Dacascos (Mani), Vincent Cassel (Jean-François de Morangias), Émilie Dequenne (Marianne de Morangias)
An de grâce 1766, Gévaudan, royaume de France. Une bête mystérieuse fait son apparition et de nombreuses victimes, sans que qui que ce soit ne parvienne à l’abattre ou l’identifier. L’affaire prend une telle ampleur que le chevalier et naturaliste Grégoire de Fronsac et son acolyte Mani, indien de la tribu des Mohawks rencontré pendant la guerre, sont envoyés par le roi pour chasser la bête et en dresser un portrait. Mais dès leur arrivée en Gévaudan, les deux hommes vont se heurter à la réticence de la population locale et comprendre que le mystère de la bête du Gévaudan cache peut-être quelque chose d’encore plus sombre.
J’adore ce film! Lorsque j’ai besoin de citer un bon film français, c’est un des premiers exemples qui me vient en tête. Dix-sept ans après sa sortie, Le Pacte des Loups n’a pas pris une ride, à l’exception peut-être de la bête du Gévaudan qui ressemble à une cinématique de jeu de la Playstation 3. Comme pour La Folie des Grandeurs, c’est un film à costume mais ici, en plus de m’immerger sans souci dans l’époque grâce aux tenues, je le trouve tout simplement sublime sur le plan visuel. J’ai l’impression que presque chaque plan contient au moins une bonne idée sur ce point, que ce soit le choix des couleurs (et à ce niveau, j’aime énormément l’utilisation du rouge chez la famille Morangias), le cadrage, les mouvements de caméra ou bien l’utilisation de ralentis esthétisés. Les décors ont un aspect sombre et crasseux, même dans les lieux censés être luxueux, retranscrivant bien l’ambiance désespérée qui planent sur le Gévaudan. Tous ces éléments réunis donnent à ce film une véritable identité visuelle.
Mais ce n’est pas seulement qu’un film qui se contente d’être très beau, il nous offre également des scènes d’actions dantesques aux styles très différents, comme par exemple le combat d’ouverture très inspiré des films d’arts martiaux ou le duel final débordant d’idées. Quant aux acteurs, ils sont tous investis dans leurs rôles et leurs performances oscillent toutes entre bonnes et excellentes. Mention spéciale à Vincent Cassel qui est juste génial dans son interprétation de Jean-François de Morangias (vous en dire plus serait un risque de spoil).
En résumé, Le Pacte des Loups est un petit bijou du cinéma français, une pépite à travers laquelle Christophe Gans a prouvé qu’il était possible en France de faire un film mêlant action, fantastique, enquête et reconstitution historique, le tout en gardant une cohérence et une vraie identité. À voir sans plus tarder! Et puis bon, on parle quand même d’un film où il est possible de voir le commissaire Gilbert de la saga Taxi dans le rôle d’un noble français du XVIIIème siècle.
La scène qui m’a marqué: le combat sous la pluie entre Mani et les paysans, au tout début du film. Une chorégraphie et des ralentis de toute beauté.
Nous trois ou rien (2015) :
Réalisateur : Kheiron (de son vrai nom Manouchehr Tabib)
Rôles principaux : Kheiron (Hibat Tabib), Leïla Bekhti (Fereshteh Tabib)
Hibat et sa femme Fereshteh sont deux jeunes militants iraniens contestant le régime du Shah qui dirige le pays, et pour cela Hibat est emprisonné pendant sept ans. Puis arrive la prise de pouvoir de l’ayatollah Khomeini en 1979. D’abord enchantés par réussite de leur révolution, ils déchantent rapidement en se rendant compte qu’ils ont remplacé un tyran par un autre tyran. Contraints de fuir leur pays en 1984, Hibat et Fereshteh vont s’exiler en France et s’installer en Seine-Saint-Denis, où ils s’impliqueront dans la vie associative locale.
Pour être honnête, j’ai un peu tendance à avoir des a priori sur les comédies françaises de ces dernières années, principalement parce qu’elles ont souvent tendance à être...pas terribles et terriblement peu inventives? Mais heureusement, il existe des exemples qui viennent me donner tort et Nous trois ou rien en fait partie. Quand on m’a proposé de le voir, je me disais quelque chose comme «Une comédie française écrite par un humoriste? Hmm...ouais allez, pourquoi pas.», et quand le générique de fin est arrivé, je me disais que c’était une des meilleures comédies françaises que j’avais vu depuis très longtemps (même si en vérité, il s’agit plutôt d’une comédie dramatique). Qu’est-ce qui m’a amené à penser ça? Parlons-en. Nous trois ou rien est adapté de l’histoire vraie du père de Kheiron et ce dernier lui rend un vibrant hommage en l’incarnant à l’écran. Hibat est un personnage extrêmement attachant, le genre de personne qui privilégie la discussion et essaie de voir du bon en tous ceux qui l’entourent et de leur transmettre de bonnes valeurs. En parlant de valeurs, ce film réussit brillamment à transmettre des messages d’espoir, de tolérance, de foi en la bonté qui peut sommeiller en chacun de nous, notamment en incluant des passages dramatiques entre deux séquences comiques sans que cela soit dissonant. D’ailleurs, il fait cela tout en finesse, avec subtilité, sans tomber dans des clichés du type «Oh ben les gens qui sont pas comme nous il faut pas les juger, parce qu’en fait ils sont gentils, hein.», chose qu’un petit peu trop de film font à mon goût. Bien qu’il s’agisse du tout premier film de Kheiron, celui-ci démarrait sa carrière de réalisateur sur les chapeaux de roues car pour le peu que je m’y connais en réalisation, celle de Nous trois ou rien est particulièrement soignée.
Pour résumé, c'est un film qui vous fait du bien, qui vous communique de beaux messages et qui le fait avec justesse. Capable aussi bien de vous faire rire que de vous émouvoir, c’est pour moi un modèle de ce à quoi devraient ressembler beaucoup de comédies françaises actuelles en terme d’écriture et mise en scène.
La scène qui m’a marqué : le montage alterné entre une troupe de soldats envoyée pour capturer des résistants et la famille de Kheiron, qui nous laisse appréhender une arrestation de ces derniers, jusqu’à ce que...
Astérix: Le Domaine des Dieux (2015) :
Réalisateurs : Alexandre Astier et Louis Clichy
Rôles principaux : Roger Carel (Astérix), Guillaume Briat (Obélix)
Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ. Toute la Gaule est occupée par les Romains... Toute? Non! Vous connaissez la chanson. Jules César a une nouvelle idée pour soumettre nos irréductibles Gaulois : puisque ses forces armées échouent à les faire plier, alors il va amener la civilisation romaine jusqu’à eux pour les forcer à s’y adapter. L’architecte Anglaigus est ainsi chargé de bâtir à quelques kilomètres du village le Domaine des Dieux, un luxueux complexe hôtelier à destination des touristes romains.
Hmm...par où commencer? C’est une adaptation d’un des fleurons de la bande dessinée française dont le scénario a été écrit par Alexandre Astier, créateur de la série Kaamelot. Vous avez besoin que j’en rajoute? Vraiment? Bon ok. Le Domaine des Dieux est sans hésiter mon film préféré de la licence aux côtés de Mission Cléopâtre, et ce n’est pas pour rien. Sa principale qualité est pour moi son écriture, et plus spécialement son humour. Ce dernier est souvent utilisé pour parodier avec intelligence notre société contemporaine, en plus de coller à merveille avec la critique des conséquences du tourisme que j’y vois en sous-texte. Bien qu’il soit principalement humoristique, le film arrive à être sérieux voire même dramatique à certains moments, et ce sans que l’on ressente un décalage. Les personnages sont attachants, leurs caractères fidèles à ceux de la bande dessinée, les dialogues sont pêchus, rythmés et les répliques s’enchaînent avec une efficacité admirable. À ce niveau là, mention spéciale aux disputes entre Cétautomatix et Ordralfabétix. Les talents d’auteur combinés de feu Goscinny et d’Astier permettent d’ailleurs au film d’apporter des réflexions intéressantes sur des sujets qui en temps normal n’ont rien à voir avec le registre de la comédie: les conséquences du tourisme sur l’environnement, le luxe superficiel des complexes immobiliers, ou encore les esclaves qui se demandent si être libre mais en cavale est une bonne condition.
En bref, Astérix: Le Domaine des Dieux fait partie de ces films qui montrent que les Français sont très doués pour faire des films et séries d’animation à la fois drôles, intelligents et capable d’émouvoir. Dans ce domaine, je pourrais aussi vous citer (parmi de nombreux autres exemples) le studio Ankama à qui l’on doit notamment la série Wakfu.
La scène qui m’a marqué: Parmi tous les gags et dialogues humoristiques, mon passage préféré reste celui où Panoramix imite Gandalf avec un puissant «Vous ne passerez pas!»...avant d’être écarté sans difficultés par un légionnaire.
Grave (2016):
Réalisatrice: Julia Ducournau
Rôle principaux: Garance Marillier (Justine), Ella Rumpf (Alexia), Rabah Naït Oufella (Adrien)
Justine est une adolescente surdouée qui se prépare à entrer en fac de médecine. Dans sa famille, tout le monde est végétarien, elle incluse. Mais lorsque les bizutages des élèves de première année commencent, on la force à manger de la viande crue. Petit à petit, Justine se découvre une nature qu’elle n’aurait jusqu’ici jamais soupçonnée.
Si je devais décrire Grave en une seule phrase, je dirais que c’est une de mes plus grosses claques filmiques depuis longtemps. À la fin de mon premier visionnage, je suis resté avec une foule d’images en tête, sans parler de son thème musical à la fois glaçant et hypnotisant. L’ambiance qui se dégage de Grave est tout simplement incroyable. C’est une sorte de poésie macabre permanente, un mélange de visuels presque oniriques et d’horreur organique. À travers cela, le film nous parle à sa manière très crue du passage à l’âge adulte et du rapport que l’on entretient avec le corps, aussi bien que celui des autres. Julia Ducournau met d’ailleurs en scène ces thèmes et cette histoire de façon particulièrement soignée, autant au niveau des plans que du travail des couleurs de la lumière. Des plans larges montrant un seul personnage pendant une longue durée, plusieurs plans séquences (mon petit pêché mignon personnel), des plans dominés par une ou deux couleurs. Bref, on sent que chaque seconde de ce long métrage a été pensé avec une démarche artistique et non pas de façon mécanique et fonctionnelle. Il y a quand même quelques passages qui échappent à ma compréhension et qui me font me dire à chaque fois «Mais qu’est-ce que ça vient faire là?» ou bien «On est toujours dans le monde réel ou…?». En ce qui concerne le côté gore, je le trouve bien dosé : son utilisation n’est jamais gratuite, mais lorsqu’il s’agit de montrer du sang, les choses ne sont pas faites à moitié.
Grave n’est pas un film que je recommanderais à tout le monde du fait de son sujet de base, de sa violence graphique et de l’aspect malsain qui peut s’en dégager. Mais si jamais vous avez l’estomac accroché et que la vue du sang ne vous dérange pas, il y a moyen que vous passiez un très bon moment. L’existence même de ce film est un miracle, étant donné qu’il s’agit d’un film d’horreur (le genre le moins produit en France) sur le cannibalisme, réalisé par une femme et avec comme personnages principaux deux filles et un gay. Des films aussi improbables mais avec une telle ambition doivent être encouragés.
La scène qui m’a marqué : La scène où Justine commence à manger le doigt coupé de sa sœur. Dérangeante au possible, mais en même temps si envoûtante.
Dans la brume (2018) :
Réalisateur : Daniel Roby
Rôles principaux : Romain Duris (Mathieu), Olga Kurylenko (Anna), Fantine Harduin (Sarah)
Mathieu et Anna sont un couple séparé dont la fille est atteinte d’une maladie incurable qui l’oblige à vivre dans une chambre-capsule dont elle ne peut jamais sortir. Mais le jour où Mathieu vient rendre visite à sa fille, vivant avec sa mère à Paris, une mystérieuse brume recouvre soudain la ville jusqu’aux toits, et quiconque la respire meurt immédiatement. Sans électricité, isolés au dernier étage de l’immeuble, Mathieu et Anna finissent par se faire à l’idée que les secours ne viendront pas, et que c’est à eux d’aller sauver leur fille restée en bas à l’abri dans sa capsule.
Je me souviens de la première fois que j’ai entendu parler de Dans la brume. J’étais au cinéma avec ma meilleure amie et soudain est arrivée la bande-annonce. Celle-ci à peine terminée, on s’est regardés et on s’est dit «On va le voir à sa sortie, hein?». Ce qu’on a fait. Et on a tous les deux beaucoup aimé ce film. Ce n’est pas souvent en plus que j’attends la sortie d’un film au cinéma, mais c’était le cas avec celui-ci. Dans la brume est un film qui réussit à poser une ambiance stressante avec trois fois rien. Il n’a pas besoin de s’encombrer de créatures surnaturelles, de zombies ou de scènes d’horreur, car la brume elle-même suffit à inquiéter. Lorsque les survivants sortent dans la brume avec de simples masques à gaz, le simple fait de savoir que leur réserve d’oxygène est limitée amène un stress constant de la voir tomber à zéro. D’ailleurs, si on s’inquiète facilement pour les personnages, c’est parce que le film réussit à les rendre attachants et à faire s’identifier à eux sans verser dans le pathos et l’exagération. Bien que l’on soit dans un film d’ambiance avec un casting réduit, on croise aussi quelques autres survivants, chacun ayant sa propre façon de réagir à la catastrophe. La seule chose qui au final m’a déplu dans ce film c’est sa fin, que j’ai trouvée plutôt brutal, expédiée et un peu tirée par les cheveux, même si quelques indices laissés plus tôt laissaient suspecter le twist final.
Néanmoins, je vous recommande absolument de visionner Dans la brume. Un film français avec un casting composé d’acteurs peu connus, qui assume sa dimension de film de divertissement, qui réussit à poser une véritable ambiance sans artifices et qui se démarque de tout ce qui se fait actuellement, les projets avec ce genre d’ambition sont trop rares en dans le paysage cinématographique français (même si ici c’est en réalité un film franco-québecois). Plutôt que de se plaindre de toutes les mauvaises comédies recyclées qui sortent chaque années, il vaut mieux encourager les films qui osent innover, non?
La scène qui m’a marqué: la poursuite avec des chiens dans les rues de Paris, filmée en plan séquence. Je vous ai dit que j’aimais les plans séquences?
Cette liste touche déjà à sa fin et j’espère vous avoir fait découvrir ou voir sous un autre angle au moins un film, car ce serait pour moi une jolie récompense. Bien sûr, il y a énormément d’autres films que j’aurais pu évoquer, comme par exemple Léon, qui m’avait tenu en haleine de bout en bout au premier visionnage et dont la fin m’avait hanté pendant plusieurs jours, Le dîner de cons, dont je m’amuse parfois à citer des répliques, ou encore le très dur Martyrs, recommandé par un ami mais que je n’ai toujours pas eu l’occasion de voir (si jamais tu passes par là, je compte me rattraper). Mais si je vous avais parlé de tous les films qui m’ont traversé l’esprit, cette liste aurait été beaucoup trop longue. Du coup, pourquoi ne pas partager en commentaires les films français que vous aimez, que je les ai cités ou non? Je me ferai un plaisir d’en discuter avec vous.
Les yeux sans visage (1960):
Réalisateur: Georges Franju
Rôles principaux: Pierre Brasseur (docteur Génessier), Edith Scob (Christiane Génessier), Alida Vali (Louise)
À la suite d’un accident de voiture, le docteur Génessier, chirurgien parisien de renom, défigure sa fille Christiane. Aux yeux du monde, celle-ci est officiellement décédée et enterrée. En réalité, le docteur la garde dans son château et s’est mis en tête de la soigner en tentant de lui greffer le visage de jeunes filles kidnappées par sa complice Louise. Cependant, les multiples disparitions d’étudiantes aux signalements similaires finissent par alerter la police…
Remontons dans le temps et parlons d’un film d’épouvante vieux de près de soixante ans: Les yeux sans visage. Bien qu’il s’agisse du plus ancien de cette chronique, c’est également celui que j’ai découvert le plus récemment. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est un très bon représentant de son genre. Il s’en dégage une ambiance glauque et glaçante à presque chaque instant, et le fait que l’image soit en noir et blanc y contribue grandement. La musique est peu mais bien utilisée, laissant à l’ambiance sonore et aux voix des personnages la responsabilité d’immerger le spectateur. La bande originale composée par Maurice Jarre colle à merveille à l’atmosphère du film, en particulier son thème principal entêtant, sorte de musique carnavalesque joyeusement malsaine. Les yeux sans visage est un excellent exemple pour illustrer l’écart entre les films d’horreur de son époque et ceux de nos jours. Par exemple, il n’y a tout simplement aucun jumpscare dans tout le film, à l’exception peut-être d’un cri hors-champ, et le gore n’est jamais utilisé à outrance pour donner des sensations fortes au spectateur. D’ailleurs, la seule scène du film qu’on pourrait qualifier de gore dérange plus par son ambiance et le fait qu’elle soit en noir et blanc que par la quantité de sang utilisée. Attendez vous aussi à ce que l'on joue vos attentes, notamment en multipliant les passages où l’on s’attend à voir le passage horriblement défiguré de Christiane et où finalement...ben non en fait. Enfin, les personnages ont le mérite de ne pas être des stéréotypes dont on sait qu’ils vont mourir dès leur première apparition. Le docteur Génessier est un homme délicieusement détestable plus intéressé par la prouesse que serait sa greffe de visage, sa complice Louise oscille entre la manipulatrice froide et la mère de substitution soucieuse du bonheur de Christiane, et cette dernière est de loin le personnage le plus humain de l’histoire, apportant une touche de mélancolie et de poésie à l’atmosphère dure du film.
En bref, je vous conseille d’aller découvrir Les yeux sans visage. C’est un témoin d’une autre façon très intéressante de faire des films d’horreur, mais c’est surtout une histoire qui, derrière son postulat sordide, cache un très beau message sur l’importance souvent exagérée que l’on accorde à l’apparence extérieure et qui nous montre avec justesse que les personnes les plus humaines sont parfois celles qui peuvent nous paraître monstrueuses.
La scène qui m’a marqué: L’interminable «opération» d’une des victimes, qui se fait lentement découper et retirer le visage. Aucune musique, juste des voix et des bruitages.
Les Tontons Flingueurs (1963):
Réalisateur : Georges Lautner
Rôles principaux : Lino Ventura (Fernand), Bernard Blier (Raoul), Jean Lefebvre (Paul), Francis Blanch (Maître Folace), Sabine Sinjen (Patricia)
Fernand Naudin, ancien truand reconverti dans le négoce de matériel de travaux, est un jour appelé par son ami mourant Louis, célèbre gangster surnommé «le Mexicain». Celui-ci décide de lui confier la gestion de son empire et l’éducation de sa fille Patricia. Cependant, cette décision n’est pas du goût de tout le monde et Fernand va devoir, en plus d’apprendre à vivre avec Patricia, affronter des concurrents à la succession du Mexicain, notamment les frères Raoul et Paul Volfoni. C’est ainsi que commence une guerre de succession riche en bourre-pifs.
Je pense que je n’ai pas vraiment besoin de vous présenter Les Tontons Flingueurs tant le nom de ce film est ancré dans le paysage cinématographique français. Ce succès est notamment dû à ses très nombreuses répliques qui sont aujourd’hui devenues cultes et qui illustrent ce qui pour moi la plus grande qualité de ce film: ses dialogues. Même si Les Tontons Flingueurs a déjà l’originalité d’être une comédie mettant en scène des gangsters sur fond de guerre de succession, ce sont pour moi ses discussions et tirades qui lui donnent toute sa saveur. Pour cause, ceux-ci ont été écrits par le regretté Michel Audiard, principalement connu pour son incroyable talent de dialoguiste. Les personnages ont tous un caractère bien marqué, chacun ayant au moins deux ou trois répliques marquantes qui contribuent à le rendre mémorable. Fernand qui a connu une Polonaise qui en prenait au petit-déjeuner, Raoul qui éparpille «façon puzzle», ou encore Paul et ses histoires de «nervous breakdown, comme on dit de nos jours», chacun aura sa petite phrase dont vous vous souviendrez après votre visionnage. Je vous parle des dialogues, mais Les Tontons Flingueurs est loin de se limiter à cette seule qualité. Sans trop entrer dans les détails, l’histoire est très plaisante à suivre et je trouve qu’il se dégage une ambiance assez particulière de ce film. Une sensation de France à l’ancienne où se côtoient classe et franc-parler, courtoisie et argot, où la finesse du parler se mêle à la distribution de bourre-pifs. En un mot comme en cent, (re)voyez ce film. Oui je sais, ça fait trois mots.
La scène qui m’a marqué : la scène où Fernand et les frères Volfoni se retrouvent dans une cuisine à «beurrer les sandwichs», puis finissent par déguster une liqueur pour en déterminer la composition.
La Folie des Grandeurs (1971):
Réalisateur : Gérard Oury
Rôles principaux : Louis de Funès (Don Salluste), Yves Montand (Blaze)
Nous sommes en Espagne au XVIIème siècle. Don Salluste, ministre des impôts, est un homme hypocrite, cupide et impopulaire qui collecte lui-même auprès du peuple des impôts exorbitants. Mais un jour, il est déchu de son titre et de toutes ses possessions, accusé d’avoir fait un enfant illégitime à une dame d’honneur de la reine. Pour se venger, il met alors en place une machination consistant à faire passer son valet Blaze pour un noble afin qu’il séduise la reine.
Quand j’ai commencé à rédiger cette liste, beaucoup trop de films de Louis de Funès m’ont traversé l’esprit, mais je me suis forcé à en choisir un seul. J’aurais pu vous parler de La Grande Vadrouille, de La Soupe aux Choux, du Gendarme de Saint-Tropez ou de tant d’autres, mais j’ai choisi celui-ci. J’aime presque tout dans ce film. La musique principale qui ouvre le film reste en tête et, bien qu’elle ressemble énormément à une musique de western spaghetti façon Enio Moricone, je trouve qu’elle aide bien à l’immersion dans l’Espagne du XVIIème siècle. Sur ce point, La Folie des grandeurs n’y va d’ailleurs pas à moitié, nous offrant des scènes où défilent des dizaines de figurants en tenues d’époque. Je ne suis pas pour autant un grand amateur de films à costumes, aussi beau ceux-ci soient-ils, et il me faut à chaque fois un petit plus pour les apprécier. Ici, ce petit plus est tout simplement énorme étant donné qu’il vient à l’esprit dès qu’on évoque Louis de Funès : la comédie. Celui-ci livre ici à mon sens une de ses meilleurs performances comiques, à grands renforts de mimiques et d’improvisations grâce auxquelles naissent de très nombreuses scènes prétextes à rire un bon coup. On a le droit à du comique de situation, des gags visuels, des quiproquos et j’en passe. Mais Louis de Funès n’est ici pas le seul facteur de rire dans le film, étant donné que les autres personnages contribuent grandement à certains des passages les plus drôles du film. Enfin, La Folie des Grandeurs a beau être une comédie avant tout, il réussit très bien à mettre en scène des passages romantiques un peu plus sérieux.
En bref, c’est un classique de la comédie française que je vous invite a découvrir ou redécouvrir. C’est pour moi un de ces longs métrages qui ne vieillissent pas et dont l’humour est intemporel (une des grandes forces de Louis de Funès en général).
La scène qui m’a marqué: Le retour en diligence dans la séquence d’ouverture. Un véritable festival qui condense tous les styles d’humour du film.
La Classe Américaine : Le Grand Détournement (1993) :
Réalisateur: Michel Hazanavicius
Rôles principaux: John Wayne (George Abitbol), Dustin Hoffmann (Peter), Robert Redford (Steven)
Avant même de commencer, le film a la bonne idée de nous passer un important message de prévention, à savoir que «ce flim n’est pas un flim sur le cyclimse». Ceci étant dit, le film s’ouvre dans l’Ocean South Pacific, à bord du navire de George Abitbol, titulaire officiel du titre d’homme le plus classe du monde. Lors d’une tempête, celui-ci est victime d’un accident mortel et s’éteint sur ces dernières paroles: «Monde de merde». Alors que tous les États-Unis sont sous le choc de la mort du plus grand représentant de la classe à l’américaine, les journalistes Peter et Steven (enfin Pétère et Stévène) sont chargés d’enquêter sur ses derniers mots en allant interroger des personnes l’ayant côtoyé par le passé.
La Classe Américaine présente une particularité de taille : aucune image originale n’a été tournée, étant donné qu’il s’agit d’un montage d’extraits de films américains datant des années 50 à 80, et redoublés en français pour recréer une toute nouvelle histoire. Celle-ci est une parodie du film Citizen Kane d’Orson Welles, où le magnat de l’édition Charles Foster Kane meurt en prononçant un mystérieux mot qui poussera un journaliste à enquêter sur sa signification: «Rosebud». Réussir à créer une toute nouvelle histoire à partir de fragments de films qui n’ont rien à voir entre eux est déjà une prouesse en soi, mais là où je trouve La Classe Américaine très intéressant, c’est la façon dont il le fait. Dans le titre complet de ce flim (qui, je le rappelle, n’est pas un flim sur le cyclimse), on trouve «Le Grand Détournement» et c’est là la démarche qui lui donne toute sa saveur: détourner les scènes de leur sens initial. Pour cela, le film s’appuie grandement sur ses dialogues, qui n’ont volontairement rien à voir avec ceux des films originaux pour créer un effet de décalage. Par exemple, en doublant un indien visiblement très en colère pour lui faire crier «On va manger des chips!» (dans le contexte, c’est plus drôle que ça en a l’air ici). Il peut aussi jouer avec des euphémismes, notamment en montrant un homme mort gelé au milieu de la neige pour lui faire dire en voix off «Je crois que j’ai pris froid». Mais le détournement des scènes passent aussi par la magie du montage, qui redouble d’astuce à chaque scène. L’exemple qui m’a le plus marqué à ce niveau là est celui des passages en voiture: à l’intérieur du véhicule, on utilise des extraits où des personnages discutent et conduisent calmement, tandis qu’à l’extérieur on passe sur des cascades et des courses-poursuites.
Je suis loin d’avoir fait le tour de tous les procédés utilisés par le film pour rendre drôles des scènes qui n’étaient pas pensées pour l’être, mais je préfère m’arrêter là et vous laisser le plaisir de la découverte. Malgré son concept un peu perché, La Classe Américaine reste plaisant à regarder du moment qu’on a accepté l’idée qu’il va passer son temps à être irréaliste.
La scène qui m’a marqué : L’intervention d’Orson Welles qui vient se plaindre qu’on est en train de plagier son film Citizen Kane, et qu’il «n’aime pas trop les voleurs et les fils de pute».
La Cité de la Peur, une comédie familiale (1994):
Réalisateur: Alain Barbérian
Rôles principaux: Alain Chabat (Serge Kamazarov), Chantal Lauby (Odile Deray), Dominique Farrugia (Simon Jérémi), Gérard Darmon (le commissaire Patrick Bialès)
Tout commence au festival de Cannes pendant la projection du nanardesque film d’horreur Red is Dead, dans lequel les protagonistes sont tués par un tueur armé d’une faucille et d’un marteau. À peine celle-ci terminée, le projectionniste est assassiné de la même manière. Odile Deray, réalisatrice du film, voit en ce meurtre un moyen de faire connaître son film et décide de faire venir à Cannes son acteur principal Simon et de lui embaucher un garde du corps du nom de Serge. À mesure que les jours passent, les meurtres des projectionnistes de Red is Dead se multiplient et le tueur laisse à chaque fois une lettre gravée sur le mur, laissant penser à Serge qu’il s’agit d’un serial killer…
Parmi les films dans lesquels a joué Alain Chabat, j’aurais pu vous parler de Astérix: Mission Cléopâtre, mais j’ai choisi de parler d’un autre film de la série plus loin dans cette chronique. J’aurais aussi pu vous parler de RRRrrr!!! mais...je ne l’ai pas encore vu. Mon choix s’est donc porté sur La Cité de la Peur. Pour commencer, j’aime énormément l’humour absurde de ce film. En plus du postulat de base déjà bien perché, les situations insolites qui viennent ponctuer l’histoire sont légions, comme par exemple les mimes manifestant contre le cinéma parlant en plein milieu d’une scène de poursuite ou le caméo en voix off du Terminator. Vous l’aurez compris, il ne faut pas s’attendre à un film d’enquête sérieux et réaliste de la part de La Cité de la Peur, bien au contraire. Bien que l’histoire se déroule de façon tout à fait normale, pratiquement chaque scène est prétexte à un gag ou à une phrase improbable. Que l’on apprécie son humour absurde ou non, il est incontestable que ce film a marqué le paysage des comédies françaises. Pour preuve, nombre de ses répliques sont devenues cultes et sont souvent citées dans d’autres œuvres, que ce soit dans les dialogues de la série Bref ou dans les succès du jeu vidéo Red Dead Redemption. J’aime tout particulièrement les moments où le film brise le quatrième mur (c’est-à-dire qu’il montre d’une façon ou d’une autre qu’il est conscient d’être un film), par exemple en faisant en sorte que les personnages entendent la voix off ou en faisant intervenir les comédiens de doublage dans une scène «bruitée à la bouche».
Je n’ai pas grand-chose à ajouter, à part que si jamais vous appréciez l’humour absurde, les comédies ou la troupe des Nuls, vous n’avez plus qu’à foncer (re)découvrir La Cité de la Peur en urgence.
La scène qui m’a marqué : Quand Martoni prend Odile en otage et que les autres personnages débattent sur le fait qu’il bluffe et que son arme ne soit pas chargée.
Le Pacte des Loups (2001) :
Réalisateur : Christophe Gans
Rôles principaux : Samuel Le Bihan (Grégoire de Fronsac), Mark Dacascos (Mani), Vincent Cassel (Jean-François de Morangias), Émilie Dequenne (Marianne de Morangias)
An de grâce 1766, Gévaudan, royaume de France. Une bête mystérieuse fait son apparition et de nombreuses victimes, sans que qui que ce soit ne parvienne à l’abattre ou l’identifier. L’affaire prend une telle ampleur que le chevalier et naturaliste Grégoire de Fronsac et son acolyte Mani, indien de la tribu des Mohawks rencontré pendant la guerre, sont envoyés par le roi pour chasser la bête et en dresser un portrait. Mais dès leur arrivée en Gévaudan, les deux hommes vont se heurter à la réticence de la population locale et comprendre que le mystère de la bête du Gévaudan cache peut-être quelque chose d’encore plus sombre.
J’adore ce film! Lorsque j’ai besoin de citer un bon film français, c’est un des premiers exemples qui me vient en tête. Dix-sept ans après sa sortie, Le Pacte des Loups n’a pas pris une ride, à l’exception peut-être de la bête du Gévaudan qui ressemble à une cinématique de jeu de la Playstation 3. Comme pour La Folie des Grandeurs, c’est un film à costume mais ici, en plus de m’immerger sans souci dans l’époque grâce aux tenues, je le trouve tout simplement sublime sur le plan visuel. J’ai l’impression que presque chaque plan contient au moins une bonne idée sur ce point, que ce soit le choix des couleurs (et à ce niveau, j’aime énormément l’utilisation du rouge chez la famille Morangias), le cadrage, les mouvements de caméra ou bien l’utilisation de ralentis esthétisés. Les décors ont un aspect sombre et crasseux, même dans les lieux censés être luxueux, retranscrivant bien l’ambiance désespérée qui planent sur le Gévaudan. Tous ces éléments réunis donnent à ce film une véritable identité visuelle.
Mais ce n’est pas seulement qu’un film qui se contente d’être très beau, il nous offre également des scènes d’actions dantesques aux styles très différents, comme par exemple le combat d’ouverture très inspiré des films d’arts martiaux ou le duel final débordant d’idées. Quant aux acteurs, ils sont tous investis dans leurs rôles et leurs performances oscillent toutes entre bonnes et excellentes. Mention spéciale à Vincent Cassel qui est juste génial dans son interprétation de Jean-François de Morangias (vous en dire plus serait un risque de spoil).
En résumé, Le Pacte des Loups est un petit bijou du cinéma français, une pépite à travers laquelle Christophe Gans a prouvé qu’il était possible en France de faire un film mêlant action, fantastique, enquête et reconstitution historique, le tout en gardant une cohérence et une vraie identité. À voir sans plus tarder! Et puis bon, on parle quand même d’un film où il est possible de voir le commissaire Gilbert de la saga Taxi dans le rôle d’un noble français du XVIIIème siècle.
La scène qui m’a marqué: le combat sous la pluie entre Mani et les paysans, au tout début du film. Une chorégraphie et des ralentis de toute beauté.
Nous trois ou rien (2015) :
Réalisateur : Kheiron (de son vrai nom Manouchehr Tabib)
Rôles principaux : Kheiron (Hibat Tabib), Leïla Bekhti (Fereshteh Tabib)
Hibat et sa femme Fereshteh sont deux jeunes militants iraniens contestant le régime du Shah qui dirige le pays, et pour cela Hibat est emprisonné pendant sept ans. Puis arrive la prise de pouvoir de l’ayatollah Khomeini en 1979. D’abord enchantés par réussite de leur révolution, ils déchantent rapidement en se rendant compte qu’ils ont remplacé un tyran par un autre tyran. Contraints de fuir leur pays en 1984, Hibat et Fereshteh vont s’exiler en France et s’installer en Seine-Saint-Denis, où ils s’impliqueront dans la vie associative locale.
Pour être honnête, j’ai un peu tendance à avoir des a priori sur les comédies françaises de ces dernières années, principalement parce qu’elles ont souvent tendance à être...pas terribles et terriblement peu inventives? Mais heureusement, il existe des exemples qui viennent me donner tort et Nous trois ou rien en fait partie. Quand on m’a proposé de le voir, je me disais quelque chose comme «Une comédie française écrite par un humoriste? Hmm...ouais allez, pourquoi pas.», et quand le générique de fin est arrivé, je me disais que c’était une des meilleures comédies françaises que j’avais vu depuis très longtemps (même si en vérité, il s’agit plutôt d’une comédie dramatique). Qu’est-ce qui m’a amené à penser ça? Parlons-en. Nous trois ou rien est adapté de l’histoire vraie du père de Kheiron et ce dernier lui rend un vibrant hommage en l’incarnant à l’écran. Hibat est un personnage extrêmement attachant, le genre de personne qui privilégie la discussion et essaie de voir du bon en tous ceux qui l’entourent et de leur transmettre de bonnes valeurs. En parlant de valeurs, ce film réussit brillamment à transmettre des messages d’espoir, de tolérance, de foi en la bonté qui peut sommeiller en chacun de nous, notamment en incluant des passages dramatiques entre deux séquences comiques sans que cela soit dissonant. D’ailleurs, il fait cela tout en finesse, avec subtilité, sans tomber dans des clichés du type «Oh ben les gens qui sont pas comme nous il faut pas les juger, parce qu’en fait ils sont gentils, hein.», chose qu’un petit peu trop de film font à mon goût. Bien qu’il s’agisse du tout premier film de Kheiron, celui-ci démarrait sa carrière de réalisateur sur les chapeaux de roues car pour le peu que je m’y connais en réalisation, celle de Nous trois ou rien est particulièrement soignée.
Pour résumé, c'est un film qui vous fait du bien, qui vous communique de beaux messages et qui le fait avec justesse. Capable aussi bien de vous faire rire que de vous émouvoir, c’est pour moi un modèle de ce à quoi devraient ressembler beaucoup de comédies françaises actuelles en terme d’écriture et mise en scène.
La scène qui m’a marqué : le montage alterné entre une troupe de soldats envoyée pour capturer des résistants et la famille de Kheiron, qui nous laisse appréhender une arrestation de ces derniers, jusqu’à ce que...
Astérix: Le Domaine des Dieux (2015) :
Réalisateurs : Alexandre Astier et Louis Clichy
Rôles principaux : Roger Carel (Astérix), Guillaume Briat (Obélix)
Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ. Toute la Gaule est occupée par les Romains... Toute? Non! Vous connaissez la chanson. Jules César a une nouvelle idée pour soumettre nos irréductibles Gaulois : puisque ses forces armées échouent à les faire plier, alors il va amener la civilisation romaine jusqu’à eux pour les forcer à s’y adapter. L’architecte Anglaigus est ainsi chargé de bâtir à quelques kilomètres du village le Domaine des Dieux, un luxueux complexe hôtelier à destination des touristes romains.
Hmm...par où commencer? C’est une adaptation d’un des fleurons de la bande dessinée française dont le scénario a été écrit par Alexandre Astier, créateur de la série Kaamelot. Vous avez besoin que j’en rajoute? Vraiment? Bon ok. Le Domaine des Dieux est sans hésiter mon film préféré de la licence aux côtés de Mission Cléopâtre, et ce n’est pas pour rien. Sa principale qualité est pour moi son écriture, et plus spécialement son humour. Ce dernier est souvent utilisé pour parodier avec intelligence notre société contemporaine, en plus de coller à merveille avec la critique des conséquences du tourisme que j’y vois en sous-texte. Bien qu’il soit principalement humoristique, le film arrive à être sérieux voire même dramatique à certains moments, et ce sans que l’on ressente un décalage. Les personnages sont attachants, leurs caractères fidèles à ceux de la bande dessinée, les dialogues sont pêchus, rythmés et les répliques s’enchaînent avec une efficacité admirable. À ce niveau là, mention spéciale aux disputes entre Cétautomatix et Ordralfabétix. Les talents d’auteur combinés de feu Goscinny et d’Astier permettent d’ailleurs au film d’apporter des réflexions intéressantes sur des sujets qui en temps normal n’ont rien à voir avec le registre de la comédie: les conséquences du tourisme sur l’environnement, le luxe superficiel des complexes immobiliers, ou encore les esclaves qui se demandent si être libre mais en cavale est une bonne condition.
En bref, Astérix: Le Domaine des Dieux fait partie de ces films qui montrent que les Français sont très doués pour faire des films et séries d’animation à la fois drôles, intelligents et capable d’émouvoir. Dans ce domaine, je pourrais aussi vous citer (parmi de nombreux autres exemples) le studio Ankama à qui l’on doit notamment la série Wakfu.
La scène qui m’a marqué: Parmi tous les gags et dialogues humoristiques, mon passage préféré reste celui où Panoramix imite Gandalf avec un puissant «Vous ne passerez pas!»...avant d’être écarté sans difficultés par un légionnaire.
Grave (2016):
Réalisatrice: Julia Ducournau
Rôle principaux: Garance Marillier (Justine), Ella Rumpf (Alexia), Rabah Naït Oufella (Adrien)
Justine est une adolescente surdouée qui se prépare à entrer en fac de médecine. Dans sa famille, tout le monde est végétarien, elle incluse. Mais lorsque les bizutages des élèves de première année commencent, on la force à manger de la viande crue. Petit à petit, Justine se découvre une nature qu’elle n’aurait jusqu’ici jamais soupçonnée.
Si je devais décrire Grave en une seule phrase, je dirais que c’est une de mes plus grosses claques filmiques depuis longtemps. À la fin de mon premier visionnage, je suis resté avec une foule d’images en tête, sans parler de son thème musical à la fois glaçant et hypnotisant. L’ambiance qui se dégage de Grave est tout simplement incroyable. C’est une sorte de poésie macabre permanente, un mélange de visuels presque oniriques et d’horreur organique. À travers cela, le film nous parle à sa manière très crue du passage à l’âge adulte et du rapport que l’on entretient avec le corps, aussi bien que celui des autres. Julia Ducournau met d’ailleurs en scène ces thèmes et cette histoire de façon particulièrement soignée, autant au niveau des plans que du travail des couleurs de la lumière. Des plans larges montrant un seul personnage pendant une longue durée, plusieurs plans séquences (mon petit pêché mignon personnel), des plans dominés par une ou deux couleurs. Bref, on sent que chaque seconde de ce long métrage a été pensé avec une démarche artistique et non pas de façon mécanique et fonctionnelle. Il y a quand même quelques passages qui échappent à ma compréhension et qui me font me dire à chaque fois «Mais qu’est-ce que ça vient faire là?» ou bien «On est toujours dans le monde réel ou…?». En ce qui concerne le côté gore, je le trouve bien dosé : son utilisation n’est jamais gratuite, mais lorsqu’il s’agit de montrer du sang, les choses ne sont pas faites à moitié.
Grave n’est pas un film que je recommanderais à tout le monde du fait de son sujet de base, de sa violence graphique et de l’aspect malsain qui peut s’en dégager. Mais si jamais vous avez l’estomac accroché et que la vue du sang ne vous dérange pas, il y a moyen que vous passiez un très bon moment. L’existence même de ce film est un miracle, étant donné qu’il s’agit d’un film d’horreur (le genre le moins produit en France) sur le cannibalisme, réalisé par une femme et avec comme personnages principaux deux filles et un gay. Des films aussi improbables mais avec une telle ambition doivent être encouragés.
La scène qui m’a marqué : La scène où Justine commence à manger le doigt coupé de sa sœur. Dérangeante au possible, mais en même temps si envoûtante.
Dans la brume (2018) :
Réalisateur : Daniel Roby
Rôles principaux : Romain Duris (Mathieu), Olga Kurylenko (Anna), Fantine Harduin (Sarah)
Mathieu et Anna sont un couple séparé dont la fille est atteinte d’une maladie incurable qui l’oblige à vivre dans une chambre-capsule dont elle ne peut jamais sortir. Mais le jour où Mathieu vient rendre visite à sa fille, vivant avec sa mère à Paris, une mystérieuse brume recouvre soudain la ville jusqu’aux toits, et quiconque la respire meurt immédiatement. Sans électricité, isolés au dernier étage de l’immeuble, Mathieu et Anna finissent par se faire à l’idée que les secours ne viendront pas, et que c’est à eux d’aller sauver leur fille restée en bas à l’abri dans sa capsule.
Je me souviens de la première fois que j’ai entendu parler de Dans la brume. J’étais au cinéma avec ma meilleure amie et soudain est arrivée la bande-annonce. Celle-ci à peine terminée, on s’est regardés et on s’est dit «On va le voir à sa sortie, hein?». Ce qu’on a fait. Et on a tous les deux beaucoup aimé ce film. Ce n’est pas souvent en plus que j’attends la sortie d’un film au cinéma, mais c’était le cas avec celui-ci. Dans la brume est un film qui réussit à poser une ambiance stressante avec trois fois rien. Il n’a pas besoin de s’encombrer de créatures surnaturelles, de zombies ou de scènes d’horreur, car la brume elle-même suffit à inquiéter. Lorsque les survivants sortent dans la brume avec de simples masques à gaz, le simple fait de savoir que leur réserve d’oxygène est limitée amène un stress constant de la voir tomber à zéro. D’ailleurs, si on s’inquiète facilement pour les personnages, c’est parce que le film réussit à les rendre attachants et à faire s’identifier à eux sans verser dans le pathos et l’exagération. Bien que l’on soit dans un film d’ambiance avec un casting réduit, on croise aussi quelques autres survivants, chacun ayant sa propre façon de réagir à la catastrophe. La seule chose qui au final m’a déplu dans ce film c’est sa fin, que j’ai trouvée plutôt brutal, expédiée et un peu tirée par les cheveux, même si quelques indices laissés plus tôt laissaient suspecter le twist final.
Néanmoins, je vous recommande absolument de visionner Dans la brume. Un film français avec un casting composé d’acteurs peu connus, qui assume sa dimension de film de divertissement, qui réussit à poser une véritable ambiance sans artifices et qui se démarque de tout ce qui se fait actuellement, les projets avec ce genre d’ambition sont trop rares en dans le paysage cinématographique français (même si ici c’est en réalité un film franco-québecois). Plutôt que de se plaindre de toutes les mauvaises comédies recyclées qui sortent chaque années, il vaut mieux encourager les films qui osent innover, non?
La scène qui m’a marqué: la poursuite avec des chiens dans les rues de Paris, filmée en plan séquence. Je vous ai dit que j’aimais les plans séquences?
Cette liste touche déjà à sa fin et j’espère vous avoir fait découvrir ou voir sous un autre angle au moins un film, car ce serait pour moi une jolie récompense. Bien sûr, il y a énormément d’autres films que j’aurais pu évoquer, comme par exemple Léon, qui m’avait tenu en haleine de bout en bout au premier visionnage et dont la fin m’avait hanté pendant plusieurs jours, Le dîner de cons, dont je m’amuse parfois à citer des répliques, ou encore le très dur Martyrs, recommandé par un ami mais que je n’ai toujours pas eu l’occasion de voir (si jamais tu passes par là, je compte me rattraper). Mais si je vous avais parlé de tous les films qui m’ont traversé l’esprit, cette liste aurait été beaucoup trop longue. Du coup, pourquoi ne pas partager en commentaires les films français que vous aimez, que je les ai cités ou non? Je me ferai un plaisir d’en discuter avec vous.
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